Le salon Mipcom m’a pas mal impressionné ces derniers temps. Pour deux analyses différentes à vrai dire :
1/ Television has always been something you watch. Now, increasingly, it’s also something you do.
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C’est la phrase magistrale prononcée par Anne Sweeney, la femme la plus puissante de l’entreprise. Si j’adore la langue anglaise, c’est principalement pour ce genre d’affirmation simple qui assène en peu de mots une vérité extrême. La langue française est très belle, mais elle met plus de temps à installer ce genre d’ambiance, il lui faut plus de mots. Bref le sujet n’est pas là.
Cette phrase est magnifique dans sa forme mais aussi dans son fond. Elle dit quoi ? Tout simplement que la télé a toujours été quelque chose qu’on regardait. Mais que dans l’avenir, irréversiblement, elle serait quelque chose qu’on FAIT.
CQFD. Ça veut tout dire. Mipcom, comme beaucoup d’autres entreprises qui l’ont également compris, vont désormais focaliser leurs productions sur la télévision sur internet parce que désormais c’est dans cette direction que l’audience va se développer.
Le support va changer : certains continueront à regarder le petit écran devant justement un écran fixé au mur dans leur salon, tandis que d’autres désireront regarder leurs émissions dans leur lit sur leur ordi, sur leur smartphone, sur leur tablette numérique, bref un peu partout, là où ils capteront le wi-fi pour parler simple.
Mais le support n’est pas le seul domaine qui va changer dans la télé : le contenu même des émissions sera désormais plus personnalisé pour correspondre vraiment à la volonté et au désir du spectateur. De moins en moins d’émissions généralistes : les gens pourront regarder, à l’heure où ils voudront, tel ou tel sport, tel ou tel film, tel ou tel documentaire.
2/ Retour en force des dessins animés
(source)
C’est la conclusion à laquelle aboutit Mipcom Junior : après avoir acclamé un temps les séries télévisées réalistes, l’entreprise a abouti à la conclusion que les dessins animés d’antan, c’était quand même bien.
Et c’était bien pour plusieurs raisons :
- 1/ c’est de moins en moins cher à produire, parce que les technologies ont évolué permettant de dessiner plus rapidement (sur ordinateur), et parce qu’il est désormais monnaie courante de délocaliser les dessinateurs hors-Etats-Unis.
- 2/ c’est bien aussi parce que ça touche un large public. L’animation a cette avantage de toucher toutes les cultures, ou la plupart, dans tous les pays. Elle s’exporte bien. Et elle touchera toujours énormément d’enfants à travers le monde.
C’est donc un produit qui s’exporte bien et qui est susceptible de rapporter beaucoup de sousous, tout en cumulant les avantages de la série télévisée :
- l’addiction due à l’attente de l’épisode suivant
- la possibilité de sortir des coffrets d’intégrale
- la diffusion sur de multiples supports dont le streaming
- etc.
3/ Pourquoi les entreprises américaines sont-elles en pleine mutation / réflexion ?
Tout simplement parce que l’industrie du divertissement est en train de vivre un grand bouleversement à partir des Etats-Unis. Le support physique des films est en train de disparaître au profit de leur version uniquement numérique. L’ULTRAVIOLET, une sorte de box appelée aussi « casier numérique », permettra à chaque achat d’un film en version numérique de pouvoir le visionner en streaming sur internet depuis n’importe quel support. A terme, l’UltraViolet est censé venir détrôner le DVD et peut-être le Blu-Ray qui pourtant permet encore aujourd’hui la meilleure qualité de film possible sur grand écran.

Deuxièmement, les consommateurs achètent de moins en moins et préfèrent désormais privilégier la location de films ou de séries. Une entreprise comme Amazon l’a bien compris avec ses nouvelles offres de location de vidéos (Amazon Prime pour ne pas la nommer, uniquement aux USA pour l’instant 🙁 ).
Toisièmement, des géants d’internet viennent marcher sur les plates-bandes des anciens de l’industrie télévisée, comme par exemple Facebook qui ne cache plus sa volonté de distribuer des vidéos à la demande, et même Youtube qui commence également à le faire.
Une conclusion à toute cette effervescence : la bataille va être rude mais elle le sera au profit du consommateur. Les changements vont être énormes dans les 5 prochaines années, autrement dit à très court terme. Dès Noël 2012 les versions numériques devraient détrôner officiellement l’ancien support DVD.
Pour ma part j’ai un seul doute : Oui ça va changer, mais il va falloir inventer quelque chose si les nouveaux veulent détrôner le Blu-Ray. Certes je préfère les versions numériques aux versions physiques, mais non je refuse de regarder mes films avec des gros pixels et une qualité de merde sur mon bel écran LCD. Le streaming, ça passe sur internet, ça passe moins quand je veux matter tranquillement mes films cultes avec une bière à la grenadine sur mon canapé.
Bonjour & merci pour ce post fort intéressant! Le discours d’Anne Sweeney au dernier MIPCOM a effectivement eu un gros impact à l’époque et depuis.
Juste une précision: MIPCOM n’est pas une entreprise américaine mais un salon, organisé par Reed MIDEM, une société française (mon employeur, donc), qui à son tour fait partie du groupe anglo-neerlandais Reed Elsevier. Pour la petite histoire!
Surtout on remet tout ça dès le 30 mars pour MIPCube (avenir de la TV) et MIPTV (entre autres): n’hésitez pas à nous suivre via http://mipblog.com 🙂
Merci, James, MIP community manager
Ok, merci de la précision et bonne continuation.
Ouep, à mon avis la télé et l’ordi devraient fusionner tôt ou tard..
La nouvelle Freebox Révolution que j’ai depuis le printemps maintenant, permet d’avoir la télé connectée à Internet, je peux surfer directement sur la télé, revoir des émissions que j’aurai loupé, louer à la demande des vidéos virtuelles, accéder aux contenus partagés des freenautes, etc.
J’utilise que très peu ces fonctionnalités nouvelles, soit c’est trop tôt pour moi, soit je ne suis pas prêt à utiliser plus que ça ma TV comparé à mon ordi, il va peut-être me falloir encore un peu de temps pour m’adapter ^^