Les données montrent que les adultes se tournent vers les jeux vidéo pour leurs bienfaits, notamment pour soulager le stress et renforcer les liens familiaux
- 60 % des adultes jouent chaque semaine.
- Les bienfaits pour la santé mentale sont la principale motivation des joueurs plus âgés.
- 70 % des parents jouent avec leurs enfants.
Le rapport « 2025 Essential Facts About the US Video Game Industry » publié par l’Entertainment Software Association (ESA) confirme ce que de nombreux joueurs de longue date savaient déjà : les jeux vidéo ne sont pas réservés aux enfants. Le joueur moyen est âgé de 36 ans, et plus de la moitié des adultes américains jouent chaque semaine.
Même parmi les baby-boomers et les personnes âgées de plus de 80 ans, des dizaines de millions de personnes prennent en main une manette, principalement pour se détendre et garder l’esprit vif. Les jeux de réflexion et de stratégie sont particulièrement populaires auprès des personnes âgées, qui citent la stimulation mentale comme l’une des principales raisons pour lesquelles elles jouent.
Qu’est-ce qui explique l’engouement des jeux vidéos pour les adultes ?
Outre le plaisir qu’ils procurent, les jeux vidéo aident les gens à gérer leur stress, à se rapprocher de leurs proches et même à acquérir de nouvelles compétences. Les personnes ayant des enfants sont plus susceptibles de jouer, 70 % des parents déclarant jouer avec leurs enfants, souvent pour socialiser et passer du temps ensemble. Avec l’arrivée de nouvelles consoles comme la Nintendo Switch 2 récemment lancée, qui maintiennent le jeu vidéo sous les feux de la rampe, ce loisir continue de se transformer en une activité multigénérationnelle et bénéfique qui va bien au-delà du simple divertissement.
Alors qu’une opinion largement répandue considère que jouer aux jeux vidéo est un signe de paresse intellectuelle, plusieurs études montrent qu’en réalité, ces jeux peuvent renforcer toute une série de compétences cognitives telles que :
- la navigation spatiale
- le raisonnement
- la mémoire
- la perception
Cela est particulièrement vrai pour les jeux vidéo de tir, souvent violents selon les auteurs. Une méta-analyse réalisée en 2013 a révélé que les jeux vidéo de tir amélioraient la capacité des joueurs à penser en trois dimensions, tout autant que les cours scolaires visant à développer ces mêmes compétences.
« Cela a des implications cruciales pour l’éducation et le développement de carrière, car des recherches antérieures ont établi l’importance des compétences spatiales pour la réussite dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques ».
Cette amélioration des capacités cognitives n’a pas été observée avec d’autres types de jeux vidéo, tels que les jeux de réflexion ou les jeux de rôle. Les auteurs ont également indiqué que les jeux vidéo pouvaient aider les enfants à développer leurs capacités à résoudre des problèmes.
Selon une étude à long terme publiée en 2013, plus les adolescents déclaraient jouer à des jeux vidéo stratégiques, tels que des jeux de rôle, plus ils amélioraient leurs capacités à résoudre des problèmes et leurs résultats scolaires l’année suivante. La créativité des enfants a également été stimulée par tous les types de jeux vidéo, y compris les jeux violents.
Les jeux simples, faciles d’accès et rapides, tels que « Angry Birds », peuvent :
- améliorer l’humeur des joueurs
- favoriser la relaxation
- éloigner l’anxiété
« Si jouer à des jeux vidéo rend simplement les gens plus heureux, cela semble être un avantage émotionnel fondamental à prendre en considération ».
Les auteurs ont souligné la possibilité que les jeux vidéo soient des outils efficaces pour apprendre à faire preuve de résilience face à l’échec. En apprenant à faire face à des échecs répétés dans les jeux, les auteurs suggèrent que les enfants développent une résilience émotionnelle sur laquelle ils peuvent s’appuyer dans leur vie quotidienne.
Améliorer sa vitesse de traitement et de réaction grâce aux jeux
D’après les études examinées, l’impact le plus important des formations par jeux vidéo sur les capacités cognitives a été observé sur la vitesse de traitement et les temps de réaction, ces domaines cognitifs présentant les effets les plus importants. En particulier, il a été observé que l’entraînement avec des jeux d’action, des jeux FPS, des jeux d’aventure et des jeux de réflexion peut améliorer ces compétences chez les adultes en bonne santé. Dans un seul cas, aucun bénéfice n’a été rapporté sur ces compétences particulières après un entraînement avec des jeux vidéo commerciaux.
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La possibilité d’entraîner la vitesse de traitement et les temps de réaction à l’aide de jeux vidéo, en particulier les jeux d’action, représente l’un des principaux centres d’intérêt de la littérature sur les jeux vidéo et l’entraînement cognitif. Des recherches supplémentaires sont nécessaires, mais les novices en jeux vidéo d’action qui ont suivi un entraînement à ce type de jeux ont montré un traitement plus rapide des informations visuelles, tandis qu’aucune amélioration n’a été signalée chez les personnes âgées ayant suivi un entraînement de courte durée (Seçer et Satyen, 2014).
Les résultats sont également positifs dans l’ensemble des études sur l’entraînement de la mémoire
En particulier, des améliorations de la mémoire de travail visuelle et spatiale ont été observées après un entraînement avec un jeu d’action, un jeu d’aventure et un jeu non commercial.
En ce qui concerne les autres formes de mémoire, une étude a rapporté un effet positif d’un entraînement basé sur un jeu d’aventure sur la discrimination mnémonique, tandis que des améliorations des capacités de mémoire à court terme ont été observées après un programme d’entraînement cérébral.
À l’inverse, aucun effet positif sur la mémoire épisodique ni sur la mémoire de travail visuelle et spatiale n’a été rapporté après une formation avec des jeux de réflexion. Les résultats des études semblent corroborer les données précédentes concernant la possibilité d’utiliser efficacement les jeux vidéo pour améliorer les capacités mémorielles des populations jeunes et âgées, en particulier en ce qui concerne la mémoire de travail visuelle et spatiale (Video Game Training Enhances Cognition of Older Adults: A Meta-Analytic Study, Psychology and Aging, September 2014, Pilar Toril).
Soulignons que l’efficacité (ou l’inefficacité) de chaque entraînement semble varier en fonction du genre de jeu spécifique, ainsi que des caractéristiques de l’échantillon. En ce qui concerne la rotation mentale spatiale, même si les effets sont en moyenne élevés, seules deux études ont été incluses dans cette revue. Les résultats doivent donc être considérés dans le contexte de cette limitation numérique. D’après les résultats de cette revue systématique, une amélioration des capacités de rotation spatiale mentale a été rapportée après un entraînement avec des jeux vidéo commerciaux et des jeux de course automobile, avec une progression plus importante chez les femmes (Cherney et al., 2014).
En ce qui concerne les jeux vidéo pour l’entraînement des compétences émotionnelles, les études incluses dans la présente critique fournissent des preuves suggérant que les jeux vidéo sont efficaces pour induire des sentiments positifs et réduire les niveaux de stress individuels chez les adultes en bonne santé (Bouchard et al., 2012). Il ressort de cette présentation que le nombre d’études menées sur ce type d’entraînement est inférieur à celui des études consacrées à l’entraînement cognitif. Ce fait est assez curieux, car les caractéristiques intrinsèques des jeux vidéo, à savoir leur caractère motivant, engageant et facilement accessible font des jeux vidéo des outils potentiellement utiles pour améliorer la régulation des sentiments chez les individus.
Sur notre blog ⇒ Le joueur du grenier ou qu’est-ce qui fait du bien dans les jeux vidéos ?
Remettre en cause l’isolement social des joueurs
Une autre idée reçue remise en cause par ces études est celle du joueur isolé socialement. Plus de 70 % des joueurs jouent avec un ami et des millions de personnes dans le monde participent à des mondes virtuels gigantesques grâce à des jeux vidéo tels que « Farmville » et « World of Warcraft » . Les jeux multijoueurs deviennent des communautés sociales virtuelles où il faut prendre rapidement des décisions sur les personnes à qui faire confiance ou à rejeter et sur la manière de diriger un groupe. Une étude réalisée en 2011 a révélé que les personnes qui jouent à des jeux vidéo, même violents, qui encouragent la coopération sont plus susceptibles d’aider les autres pendant le jeu que celles qui jouent aux mêmes jeux de manière compétitive.
Les éducateurs sont actuellement en train de repenser l’expérience en classe, en intégrant des jeux vidéo qui peuvent changer la façon dont la prochaine génération d’enseignants et d’élèves aborde l’apprentissage. Les médecins ont commencé à utiliser les jeux vidéo pour motiver leurs patients à améliorer leur santé. Dans le jeu vidéo « Re-Mission », des enfants atteints d’un cancer peuvent maîtriser un petit robot qui éjecte les cellules cancéreuses, combat les infections bactériennes et gère les nausées et autres obstacles à l’observance du traitement. Une étude internationale menée en 2008 dans 34 centres médicaux a révélé une observance nettement plus élevée du traitement et une meilleure connaissance du cancer chez les enfants qui jouaient à « Re-Mission » que chez ceux qui jouaient à un autre jeu vidéo.
« C’est ce même type de transformation, basé sur le principe fondamental du jeu, qui a le potentiel de transformer le domaine de la santé mentale. Cela est d’autant plus vrai que l’implication des enfants et des jeunes est l’une des tâches les plus difficiles auxquelles sont confrontés les cliniciens. »
Les auteurs de l’article du bas ont recommandé que des équipes de psychologues, de cliniciens et de concepteurs de jeux collaborent afin de développer des approches de soins de santé mentale qui intègrent les jeux vidéo à la thérapie traditionnelle.
Article : « The Benefits of Playing Video Games » (Les bienfaits des jeux vidéo), Isabela Granic, PhD, Adam Lobel, PhD, et Rutger C.M.E. Engels, PhD, Université Radboud de Nimègue ; Pays-Bas ; American Psychologist, vol. 69, n° 1.
