Tu t’en iras les pieds devant
Cette chanson de Georges Brassens n’est pas très connue, mais elle mérite de l’être et à chaque fois que je l’écoute, je me dis qu’elle vaudrait bien un petit article sur un blog. Voilà qui est fait !
⇒ Référence de la chanson sur le site Music Brainz
Comme d’habitude chez Brassens, ce mec génial a su trouver une mélodie particulière pour un texte qui n’est pas de lui. Eh ! oui. Il s’agit d’un poème de Charles-Maurice Couyba, un professeur qui devint ministre du Commerce en 1911, plus connu sous son pseudonyme de poète Maurice Boukay.
Le poème original de Charles-Maurice Couyba
Voici ce poème d’une force de frappe hors du commun, inspiré par la Commune insurrectionnelle de Paris en mars 1871, une réaction du peuple parisien en réaction à la défaite française contre la Prusse.
Tu t’en iras les pieds devant,
Ainsi que tout ceux de ta race,
Grand homme qu’un souffle terrasse.
Comme le pauvre fou qui passe,
Et sous la lune va rêvant,
De beauté, de gloire éternelle,
Du ciel cherché dans les prunelles,
Au rythme pur des villanelles,
Tu t’en iras les pieds devant.
***
Tu t’en iras les pieds devant,
Duchesse aux titres authentiques,
Catin qui cherches les pratiques,
Orpheline au navrant cantique.
Vous aurez même appris du vent,
Sous la neige, en la terre grise,
Même blason, même chemise,
Console toi fille soumise,
Tu t’en iras les pieds devant.
***
Tu t’en iras les pieds devant,
Oh toi qui mens quand tu te signes,
Maîtresse qui liras ces lignes,
En buvant le vin de mes vignes,
À la santé d’un autre amant,
Brune ou blonde, être dont la grâce,
Sourit comme un masque grimace,
Voici la camarde qui passe.
Tu t’en iras les pieds devant.
***
Tu t’en iras les pieds devant,
Grave docteur qui me dissèques,
Prêtre qui chantes mes obsèques.
Bourgeois, prince des hypothèques,
Riche ou pauvre, ignorant, savant,
Camarade au grand phalanstère,
Vers la justice égalitaire,
Nous aurons tous six pieds de terre.
Tu t’en iras les pieds devant.
Mon avis
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- il est révolté
- il est arrogant
- il est vrai
- Il affirme à tous ceux qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas, que tôt ou tard, la mort les rattrapera et qu’ils auront droit aux mêmes vers que nous aussi nous aurons.
Ce texte impose donc à ce genre de personnes de réfléchir un peu à leur propre condition et de ne pas sous-estimer leurs congénères.
Le texte est réussi, mais la mélodie l’est aussi.
Cette chanson fait partie des Inédits de Georges Brassens, des archives parues pour la première fois en octobre 2001. Elle apparaît également dans l’intégrale de Georges Brassens 20ème anniversaire. Je vous conseille vivement d’écouter les disques, le son des clips n’étant pas forcément top.
Hé bien ça c’est de la précision ! Merci de votre commentaire et j’espère que votre site sera visité. Bonne continuation.
Vous avez raison « Tu t’en iras les pieds devant » ou « Le grand voyage » est une chanson superbe. On dirait vraiment du « Brassens ». Et pourtant… Elle a été écrite en 1895 par Maurice Boukay (chansonnier le soir… et député-sénateur-ministre Charles Couyba, le jour) pour le texte, et par Marcel Legay (chanteur des rues… puis chansonnier, auteur-compositeur-interprète) pour la musique… Eh, oui ! La musique sonne comme du Brassens mais elle a été composée à la fin du 19e !
Couverture de la partition : https://media.hal.science/medihal-00568808/
Site Marcel Legay (c’est mon grand-oncle !) : https://www.marcel-legay.com
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Article modifié ce jour avec une nouvelle vidéo et l’ajout d’un nouveau disque incluant la chanson.
Ah ok, à confirmer donc. Merci.
Salut, je pense qu’il y a une petite faute dans le vers « Vous aurez même appris du vent, » , j’entends « Vous aurez même abris du vent, » qui me parait d’ailleurs plus logique dans le contexte !
Merci d’avoir fait un article sur cette chanson en tout cas 🙂
Pff j’avais oublié d’insérer la chanson ! N’importe quoi, voilà j’ai rectifé l’article. Bonne écoute.