Navez-vous jamais envie de vous plonger dans la lecture d’auteurs classiques, pour la simple et seule raison qu’ils ont pu poser des questions essentielles que les auteurs contemporains oublient, négligent ou dédaignent parce qu’elles ont déjà été écrites ?
Des “questions essentielles” ou des réflexions originales : la littérature possède ce genre de trésors, parfois dans des oeuvres très anciennes.
Grâce à ma liseuse électronique et aux ebooks, j’ai redécouvert Les Confessions de Saint Augustin, la première oeuvre autobiographique écrite en latin au 4ème siècle de notre ère.
Saint Augustin
Vous trouverez l’ebook cité ci-dessus à cette adresse (traduction française – je vous conseille le format EPUB pour votre livrel)
– L’article Wikipédia relatif à Saint Augustin se trouve ici. Cet évêque est avant tout un philosophe, un théologien, un grand penseur de l’Antiquité tardive / début du Moyen-Âge, période que j’affectionne particulièrement pour sa richesse, sa naïveté et son foisonnement culturel.
Les premiers penseurs de l’humanité
–> Les hommes qui, les premiers, ont exprimé leur réflexion,
–> Les hommes qui n’avaient pas de piste, pas d’écrit les précédant, pas de modèle, pas de théorie à contredire,
–> Les hommes qui ont pensé sans obligation, contrainte ni influence,
… ceux-là ne sont-ils pas les plus dignes d’intérêt ? Ne nous rapprochent-ils pas, nous, lecteurs contemporains gavés d’histoire littéraire et intimidés par la liste de grands savants qui nous ont précédé, nous lecteurs à l’esprit préconçu, prémâché ou au moins influencé par des centaines de courants littéraires, ne nous rapprochent-ils pas de l’essentiel ?
– Des questions existent, si simples que nous les avions complètement oubliées. Par exemple celle-ci :
Extrait des Confessions de Saint Augustin
Dites-moi, dites à votre suppliant; dans votre miséricorde, dites à votre misérable serviteur; dites-moi, mon Dieu, si mon enfance a succédé à quelque âge expiré déjà, et si cet âge est celui que j’ai passé dans le sein de ma mère ? J’en ai quelques indications, j’ai vu moi-même des femmes enceintes. Mais avant ce temps, mon Dieu, mes délices, ai-je été quelque part et quelque chose? Qui pourrait me répondre? Personne, ni père, ni mère, ni l’expérience des autres, ni ma mémoire.
Ce qu’il veut dire
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L’idée d’une âme vient bien de là : elle expliquerait tout, ou plutôt elle résoudrait tous nos problèmes et toutes les angoisses des gens convaincus que la vie ne sert strictement à rien. Si, la vie sert bien à quelque chose : elle sert les idées d’un être surnaturel, au-dessus de tout, qui commande chacun d’entre nous pour être notre créateur.
Une âme serait donc quelque chose d’immatériel grâce à laquelle le corps humain se meut, réfléchit, existe. A notre naissance elle descendrait sur Terre et viendrait animer notre chair. Quelles sont ses intentions ? Ce serait peut-être une partie infime de ce Créateur, une partie d’un Tout. Le but de cette âme ? Encore une fois chacun y va de son avis. Elle servirait peut-être à nous tester, à nous montrer la voie, à nous guider jusqu’au chemin du Paradis.
Ca c’est une des versions occidentales existantes. D’autres théories amènent leur lot d’exotisme ou de subtilité, je pense notamment au bouddhisme. Mais le but de cet article n’est pas de comparer les religions. Revenons à Saint Augustin, et à ce pourquoi il m’intéresse.
Naïveté des premiers penseurs
Il exprime ses questions avec une naïveté splendide, poignante, presque émouvante. Elles nous apparaissent, à nous, naïves, parce que nous sommes en 2010 et que des centaines d’années de réflexions se sont écoulées depuis Saint Augustin. Au IVème siècle après Jésus Christ, ces interrogations devaient paraître novatrices.
– “Avant ce temps, mon Dieu, ai-je été quelque part et quelque chose ? Qui pourrait me répondre?” Il formule sa question certes avec naïveté, mais aussi avec poésie. La formulation coule de source. Ai-je été quelque part et quelque chose ? Ai-je existé quelque part d’autre que sur Terre ? Ai-je été quelque chose, tout simplement, avant de prendre la forme d’un corps humain ?
– Cette question, d’après moi, est très forte de sens et de poésie, tout d’abord parce qu’elle pose une des questions les plus simples du monde, une de ces questions essentielles dont la réponse apporterait un sens ultime à la vie et à notre présence ici-bas. Ce genre de questions restent rares, les écrivains en trouvent peu d’aussi fortes dans leur carrière. Quand on en tient une, on ne le lâche pas comme ça : on la relit dans tous les sens jusqu’à ce que son sens nous pénètre.
– Ce sont peut-être ce genre de questions qui sont susceptibles de convertir quelqu’un à la foi. Dans tous les cas, c’est grâce à elles que j’aime lire les très anciens auteurs.