Voir le monde à travers les yeux d’un hacker
Mr. Robot est l’histoire étonnante d’un hacker isolé nommé Elliot. La série commence avec nous, le spectateur, poussé dans la vie d’un jeune homme schizophrène qui ne sait pas comment entrer en relation avec les gens à un niveau physique personnel. En raison de son incapacité à se connecter aux gens, il parle à un ami imaginaire, qui se trouve être nous, le téléspectateur.
La seule façon dont il parvient à se connecter avec de « vraies » personnes dans sa vie est d’apprendre à les connaître en piratant tous leurs comptes internet et leurs profils de réseaux sociaux. Il justifie ses actions en disant qu’il protège la nativité de ses proches. Il pense qu’il n’aura jamais cette simplicité naïve dans sa vie, alors il la chérit chez les autres.
Elliot est tourmenté par les défauts de la société et par la façon dont les élites maîtrisent les gens en exploitant les faiblesses de chacun. Pourtant, il se sent impuissant à changer quoi que ce soit, parce qu’il n’est pas « spécial ». Malgré son sentiment d’impuissance, il utilise ses capacités de piratage pour faire ce qu’il pense pouvoir équilibrer la balance de ceux qui sont exploités.
Le jour, il travaille pour une société de cybersécurité appelée « allsafe », qui protège l’une des plus grandes entreprises existantes, « E-corp » (ou, comme Elliot a reprogrammé son esprit pour entendre et voir partout, « evil-corp »). La nuit, il est un hacker justicier, envoyant des tuyaux anonymes à la police pour arrêter les pédophiles et autres personnes qui ont échappé au système judiciaire.
Elliot rencontre Mr. Robot
Après avoir protégé Allsafe d’une attaque DDOS, Elliot rencontre Mr. Robot, qui semble savoir qu’Elliot a empêché l’attaque DDOS et l’incite à rejoindre son équipe, Fsociety. Cette équipe a été créée par M. Robot pour détruire Evil-corp, le système même qu’Elliot est payé pour protéger. On lui dit que s’il veut rester dans le groupe, il doit piéger le directeur technique en mettant son adresse IP dans le fichier de données lorsque le FBI viendra enquêter sur l’attaque DDOS. Il tente ainsi de se défendre contre les mains invisibles qui nous maîtrisent tous.
Elliot n’a plus qu’un choix : vivre une vie normale en prétendant ignorer les failles de la société ou abandonner son ancienne vie en luttant contre les élites qui manipulent nos vies quotidiennes.
Je vous recommande vivement, si vous ne regardez pas déjà cette série télévisée, de le faire dès maintenant. Un peu comme le film (à l’origine un livre) Fight Club avec le contre-mouvement contre la société, mais avec une nouvelle touche technologique.
- La façon dont nous sommes immergés dans le monde d’Elliot, ressentant tous ses défauts et les vérités de son point de vue tordu, est magnifique.
- Voir le monde à travers la perspective d’un hacker, en utilisant des termes informatiques pour faire des analogies avec le monde réel, est très fascinant.
- Sentir l’aspect nerveux de chaque personnage se développer est très excitant.
Une voix off qui brise le « 4ème mur »
Depuis le premier épisode, Mr Robot laisse son protagoniste, Elliot (Rami Malek), nous parler en voix off. Sa voix soporifique nous berce d’un faux sentiment de sécurité en nous faisant croire qu’il s’agit d’une voix off télévisuelle banale. Mais au fil de la série, Elliot a fait appel à nous de plus en plus souvent, nous demandant de l’aider à chercher des indices dans une pièce ou nous reprochant de lui cacher des informations. Il nous a également menti, notamment en nous cachant qu’il était en prison pendant la majeure partie de la deuxième saison.
Dans la quatrième et dernière saison, Elliot a cessé de nous parler. Il semble que nous nous soyons brouillés, pour des raisons qui ne sont pas encore claires. Son alter ego, Mr Robot (Christian Slater), nous parle à la place et nous demande de l’aide pour Elliot. La série a également révélé que Mr Robot n’est pas la seule personnalité alternative d’Elliot, il y en a une troisième aussi. De même, des souvenirs de sa mère et de lui-même en tant que garçon vivent également dans l’esprit d’Elliot.
« Peut-être que je devrais te donner un nom », nous a dit Elliot dans le premier épisode. « Mais c’est une pente glissante ; tu n’es que dans ma tête.»
Dans la quatrième saison, nous sommes littéralement dans sa tête, espionnant ce qui s’y passe, les fans spéculant que sa troisième personnalité pourrait en fait être nous, l’ami imaginaire auquel il s’adresse depuis le tout début.
Mr Robot n’est pas la seule série à utiliser la narration pour attirer le public
Nous avons vu la sinistre narration de Frank Underwood dans House of Cards nous transformer en une sorte de complice de ses nombreux crimes, avant que les inculpations de Kevin Spacey ne précipitent son départ de la série. La narration d’Underwood s’est même infiltrée dans le monde réel lorsque Spacey a mis en ligne une étrange vidéo de son personnage, dans laquelle il semblait commenter ses propres méfaits.
« Vous m’avez fait confiance, même si vous saviez que vous ne deviez pas le faire », a-t-il déclaré, laissant entendre que les téléspectateurs étaient complices du comportement de Frank.
Fleabag est allé encore plus loin, la narration de Phoebe Waller-Bridge à la caméra nous transformant en confidente. Lors d’une interview avec Tina Fey en début d’année, Phoebe Waller-Bridge a déclaré qu’elle voulait que le public ait l’impression que Fleabag l’avait invité à devenir son ami, mais que le personnage prenait peur lorsque ses nouveaux « amis » commençaient à se rapprocher trop près.
Rami Malek, l’acteur de Mr Robot au regard le plus convaincant à la télévision
J’ai vu pour la première fois Malek dans La nuit au musée, dans le rôle d’Ahkmenrah (la momie égyptienne qui s’est avérée être le plus beau garçon du monde). C’était un cas rare où le casting hollywoodien correspondait à l’héritage réel : Malek est égypto-américain, l’aîné de jumeaux nés en Californie.
Ses rôles suivants ont été acclamés, mais peu nombreux, dans des films très appréciés par la critique comme The Master de Paul Thomas Anderson, The Pacific (et, hum, la saga Twilight), ainsi que dans Gilmore Girls et 24.
Malek a le don de donner l’impression d’occuper l’espace contre son gré. Il y a cette voix grave, qui ne semble pas à sa place dans son corps léger. Cette mâchoire en forme de lanterne. Et ses yeux : il n’y a pas de regard plus fascinant à la télévision, et Malek l’utilise à merveille.
Dans le rôle d’Elliot, le maître hacker qui souffre de dépression et de troubles de l’anxiété sociale, il arpente la ville, la tête sous la capuche, les yeux brûlants de terreurs intérieures et extérieures. C’est une performance tellement complète qu’elle laisse présager le meilleur pour la suite, et quelle suite : son personnage de Freedy Mercury dans Bohemian Rhapsody est magistrale.
