L’opposition entre les vieux et les jeunes
Alain Finkielkraut, dans « La seule exactitude« , entame à la page 37 de l’édition augmentée une diatribe contre Stéphane Hessel (le lien renvoie à sa bibliographie Larousse) et le fait de façon plutôt intelligente.
Nous ne rentrerons pas ici dans le détail, mais ce qui nous intéresse ici c’est plutôt une image employée par Finkielkraut, autrement dit la forme plutôt que le fond.
Le poème Booz Endormi
Il commence par citer les vers 23 et 24 du poème de Victor Hugo « Booz endormi » (cf. La légende des siècles ou ici une petite explication littéraire de ce poème).
Les deux quatrains en question sont les suivants :
« Booz était bon maître et fidèle parent ;
Il était généreux, quoiqu’il fût économe ;
Les femmes regardaient Booz plus qu’un jeune homme,
Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.Le vieillard qui revient vers la source première,
Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ;
Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l’œil du vieillard on voit de la lumière.«
Toujours doté de sa verve bien connue, Finkielkraut enchaîne ensuite en affirmant qu’Hessel n’avait, pour sa part, pas mûri malgré l’âge et qu’il avait fait le choix « de l’intensité contre l’intelligence ».
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Il enfonce le clou par cette citation de lui :
« Telle est la signification métaphysique du culte contemporain de la jeunesse : extinction de la lumière et adoration du feu ».
- La lumière, bien entendu, fait référence au XVIIIème siècle : la mise en avant de la logique, du recul, de la science.
- Le feu, à l’inverse, est dans l’esprit de Finkielkraut un état temporaire qui se consumme et qui éblouit en émettant un éclat biaisé sur la réalité.
Cette image bien trouvée méritait, je trouve, qu’on y revienne dans cet article. Finkielkraut est un auteur qui fait du bien pour des gens comme moi, inquiets du temps qui passe et toujours pressés de « faire » et d’ « agir » comme pour contrer les ans qui passent et l’incapacité physique et intellectuel qui nous guette malheureusement.
Vieillir : ce n’est pas grave
Il fait du bien parce que dans son idée, vieillir a du bon. Vieillir permet de voir la vie autrement. Vieillir permet de contrer les effets néfastes de la jeunesse : l’inconsidération, l’insolence, la force aveugle.
Comment ne pas envier la jeunesse ? Comment ne pas envier les années qu’on a perdues ? Finkielkraut émet une piste pour « se raccrocher aux branches » et voir du bon côté dans tout ça. Il y a certainement du vrai dans ce qu’il dit : il faut des vieux pour penser différemment des jeunes. Il faut que les générations s’acceptent et vivent ensemble, prenant de l’une et de l’autre.
