La chanson
— Vous l’avez déjà entendue. Rappelez-vous.
— Hallelujah, initialement écrite et chantée par l’auteur-compositeur-chanteur canadien Leonard Cohen en 1984 (version studio), a été au jour d’aujourd’hui reprise d’innombrables fois, par des gens parfois talentueux.
— Et pourtant, comme si le créateur détenait un pouvoir mystérieux sur son oeuvre, à mon sens rien n’égale la version de Cohen (ici la fiche détaillée de Leonad Cohen sur MusicBrainz).
— Fin 2016 : Leonard Cohen vient de mourir. Cet homme de grand talent laisse en guise de testament sur album le plus fort et le plus parfait à mon sens : You want it darker que je vous conseille vivement. (Ici l’album sur MusicBrainz, là un de mes articles qui en parle).
Petite histoire
— Leonard Cohen avait à l’origine conçu cette chanson pour en faire une oeuvre à mi-chemin entre le gospel et la danse folklorique. Bien entendu, au fur et à mesure des reprises, ces tons ont tantôt disparu, tantôt été modifiés.
— Aujourd’hui on atteint le nombre de 200 artistes différents, toute langue confondue, l’ayant chantée. On l’entend également dans des films (par exemple le Shrek de 2001 ou Watchmen). Trop c’est trop, de l’avis même de Leonard Cohen.
— Personnellement j’ai écouté pas mal de versions différentes, voici les annotations que je donnerais à certaines :
La meilleure : Leonard Cohen
Rendons à César ce qui appartient à César. Cette chanson est à lui. Son interprétation nous le fait sentir. Pas de fioritures. Juste du vrai. Comme je l’ai toujours dit, pensé et écrit, il n’y a que le vrai qui soit beau. Dès que ça sonne faux, passez votre chemin. Vu comme ça, ce n’est pas si dur de savoir quelle oeuvre est bonne, quelle oeuvre est à jeter.
Une version horrible : Alexandra Burke
C’est quoi ça ? Un reality show ? Un loft story ? Ouais… Elle a peut-être une belle voix, mais va falloir lui apprendre qu’on chante d’abord avec le coeur. Tiens, pour la peine j’écris en couleur caca d’oie.
Jolie version : Espen Lind (à la guitare), Askil Holm, Alejandro Fuentes et Kurt Nilsen, 4 chanteurs norvégiens
Visionner ici :
https://www.youtube.com/watch?v=ZvN5e4PzZYE
John Cale : 1991 – La deuxième meilleure version selon beaucoup
Il s’agit d’une version très connue. Comme pour la version originale, Cale privilégie la voix, le piano et le style lyrique. Elle a influencé la majorité des chanteurs l’ayant reprise après lui. C’est également la version du film Shrek (2001). Petite précision : C’est John Cale que l’on entend dans le film Shrek, mais dans l’album de la bande originale du film, c’est Rufus Wainwright qui le remplace parce les droits du chanteur n’ont pas pu être obtenus.
Jeff Buckley : une version atypique, exemple de rock mélancolique
Spéciale dédicace à Mme BURKE dont la prestation est exposée plus haut. Jeff Buckley (1966 – 1997, décédé d’une noyade à 30 ans), lui, y met toute son âme. Sa prestation live montrée ci-dessous est à écouter jusqu’au bout pour voir où je veux en venir. On ne sait pas s’il avait consommé quelque chose d’illégal avant de chanter, c’est quelque chose que Jeff pouvait faire. Cela n’enlève rien à sa création. Faire la différence entre l’oeuvre et le créateur a toujours été pour moi quelque chose d’important, et même vital pour bon nombre de créations. Une petite pensée pour Jeff Buckley, n’hésitez pas à écouter son album Grace.
Kathryn Dawn Lang, interprétation très forte de cette chanteuse canadienne à polémiques
à voir ici :
ou ici :
http://www.furious.com/perfect/kdlang.html
EDIT du 19 octobre 2012 :
Plus j’écoute cette version et K. D. Lang, je me dis « Dieu que cette femme a du talent ». Chapeau l’artiste.
lol : Bob Dylan. Un massacre.
ou comment massacrer une chanson. Je n’aime pas. Ou alors sur un ton humoristique, et encore faut que je sois de bonne humeur ce qui n’est pas tous les jours.
Bon j’arrête là sinon l’article risque d’être très long.
Paroles de la chanson
Now I’ve heard there was a secret chord
That David played, and it pleased the Lord
But you don’t really care for music, do you?
It goes like this
The fourth, the fifth
The minor fall, the major lift
The baffled king composing Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah…
Your faith was strong but you needed proof
You saw her bathing on the roof
Her beauty and the moonlight overthrew you
She tied you
To a kitchen chair
She broke your throne, and she cut your hair
And from your lips she drew the Hallelujah
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I know this room, I’ve walked this floor
I used to live alone before I knew you.
I’ve seen your flag on the marble arch
Love is not a victory march
It’s a cold and it’s a broken Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah…
There was a time you let me know
What’s really going on below
But now you never show it to me, do you?
And remember when I moved in you
The holy dove was moving too
And every breath we drew was Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah…
You say I took the name in vain
I don’t even know the name
But if I did, well really, what’s it to you?
There’s a blaze of light
In every word
It doesn’t matter which you heard
The holy or the broken Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah…
I did my best, it wasn’t much
I couldn’t feel, so I tried to touch
I’ve told the truth, I didn’t come to fool you
And even though
It all went wrong
I’ll stand before the Lord of Song
With nothing on my tongue but Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah…
Traduction des paroles
J’ai entendu qu’il y avait un accord secret
Que David jouait et cela plaisait au Seigneur
Mais la musique te laisse tout à fait indifférente, n’est-ce pas ?
Ca fait un peu comme cela, la quarte, la quinte
L’accord mineur tombe et l’accord majeur s’élève
Le roi déchu compose l’hallelujah
Hallelujah, hallelujah, hallelujah…
Ta foi était forte mais tu avais besoin de preuves
Tu l’as vu se baignant sur la terrasse
Sa beauté et le clair de lune t’ont renversé
Elle t’a attaché sur sa chaise de cuisine
Elle a cassé ton trône et coupé tes cheveux
Et de tes lèvres elle a tiré hallelujah
Hallelujah, hallelujah, hallelujah…
Mon amour, je suis déjà venu ici
Je connais cette pièce et j’ai marché sur ce sol
Je vivais seul avant de te rencontrer
J’ai vu ton drapeau sur ton arche de marbre
Mais l’amour n’est pas une marche de victoire
C’est un hallelujah froid et brisé
Hallelujah, hallelujah, hallelujah…
Il fut un temps où tu me laissais savoir
Ce qui se passait vraiment en-dessous de tout ça
Mais maintenant tu ne me montres plus jamais ça, n’est-ce pas ?
Mais souviens-toi du moment où je bougeais en toi
Et la sainte colombe aussi
Et chaque souffle que nous respirions était un hallelujah
Hallelujah, hallelujah, hallelujah…
Bien, il y a peut-être un dieu là-haut
Mais tout ce que j’ai appris de l’amour
Etait comment tuer quelqu’un qui t’as surpassé
Ce ne sont pas des pleurs que tu entends la nuit
Ce n’est pas quelqu’un qui a vu la lumière
C’est un hallelujah froid et brisé
Précisions sur la nature de cette chanson (à la demande de lecteurs)
Hallelujah n’est ni plus ni moins qu’une « ballade » sur des airs de gospel, évoquant le désir et le rejet, l’amour et le sexe, Dieu et l’homme, le caractère inévitable de la mort et en même temps le triomphe de l’âme.
Ecrite en 1984, à l’origine elle est inspirée de l’histoire biblique du roi David et de son coup de foudre pour Bathsheba. Par la suite les paroles sont transformées pour faire davantage de place aux émotions et même à l’érotisme.
Attention : bien que le gospel ait inspiré cette chanson et qu’il est possible de la chanter de cette manière, ce n’est pas purement et simplement une chanson de gospel à part entière.
Et la religion là-dedans ?
— Elle est présente, bien entendu. Mais je sens que nous allons déborder sur un autre sujet : faut-il obligatoirement que vous aimiez le sens d’une oeuvre pour en admirer la forme ? On en revient à ce que j’aime chez Balzac : la façon de dire fait toute la beauté de l’oeuvre.
— Pour en revenir au thème de la religion, un thème que j’affectionne mais que j’évite de trop aborder dans mes articles, j’ai le plus profond respect pour ceux qui ont foi en un être supérieur, même si pour ma part ma croyance reste confuse. Je me qualifie volontiers comme quelqu’un de mystique, tout en refusant toute religion et tout dieu uniques.
— Aborder des sujets sur la religion ne me gêne en rien, même si beaucoup de choses m’agacent dans ce thème : notamment les gens qui se prennent trop au sérieux, ceux qui se donnent une importance que rien ne les autorise à emprunter, et enfin ceux qui profitent du malheur des plus faibles.
— Croire en des choses que les yeux humains ne voient pas : certes, c’est beau. Mais qu’on ne vienne pas me dire que tel ou tel dieu est le plus fort, ou qu’il faut utiliser la force pour convertir les gens. Ce n’est pas dans ce sens que je viens de vous présenter une chanson que certains pourraient utiliser pour vous rallier à une cause ou à une pratique.
EDIT du 03/08/2011 :
Un lecteur m’a écrit pour me faire découvrir la version d’Hallelujah par Damien Rice, en effet elle est plutôt pas mal même si je préfère celle de Buckley :
Visitor Rating: 5 Stars
Visitor Rating: 4 Stars
Je reconnais que cette chanson a le mérite d’être à la fois lancinante et prenante – merci de ton commentaire 😉
Merci infiniment pour les commentaires et surtout pour les PAROLES ainsi que la TRADUCTION de cette magnifique chanson qui me remue profondément a chaque fois que je l’entends, encore et encore.
Bonjour,
Qui a composé cette belle mélodie ( la mélodie en elle-même ) ?
Amitiés,
Martine
Très bon commentaire – En effet je suis de plus en plus d’accord avec toi. Merci.
Ton analyse est totalement subjective, tu as le droit de préférer la version originale mais elle est beaucoup moins simple que celle de buckley, c’est juste évident, que ce soit dans l’instru ou juste dans la façon de dire les mots. Cohen est peut-être un parolier de génie mais il n’est pas un bon interprète, la meilleure version est sans conteste celle de buckley.
Une nouvelle version que j’aime bien aussi même si elle n’a sans doute pas profondeur de Cohen
http://mrmondialisation.org/la-version-dhallelujah-de-leonard-cohen-qui-retourne-les-coeurs/
Merci du compliment, on essaiera de suivre aussi votre blog.
Greg.
Merci pour ce très bel article ! Il m’a doublement intéressé : d’une part je trouve intéressant de faire un petit tour de tous les interprètes de cette chanson (et mon cœur balance entre Cohen et Buckley !!) et d’autre part pour la prise de position sur la religion. Je crois qu’il ne faut en fait juste pas confondre religion et spiritualité. La première est une organisation (quelle que soit son orientation) quand la seconde et un rapport au « divin » (quel qu’il soit) intime et personnel. Mais merci d’en parler !!
Je tiens également un blog et j’aimerais bien réfléchir à un travail sur ces deux questions !! Du coup je vous suis, pour voir !!
Merci encore !
Merci pour la trouvaille. Je trouve sa version un peu trop linéaire, et sa voix trop juvénile.
Fan de Cohen moi aussi, et de ce titre : la version de KD LANG que je ne connaissais pas est purement magnifique! A mon tour de vous faire découvrir la version de Danae Perperkamp , jeune Agenaise qui la chante avec beaucoup de justesse et de « punch », à mon sens…( si le lien ne fonctionne pas: sur youtube, tapez Hallelujah danae ) https://www.youtube.com/watch?v=6M-ZJa2t-0I