Présentation du film « 99 Francs »
Résumé
99 Francs est une satire perspicace et pointue du monde de la publicité qui se déroule à Paris en 2001. Un publicitaire créatif, désabusé et suicidaire (joué avec un élan d’imagination par Jean Dujardin) se retrouve au cœur de crises personnelles et professionnelles diverses.
Réalisé par Jan Kounen, qui s’est fait les dents dans le milieu de la publicité, le film a été co-écrit avec Nicolas & Bruno, qui a adapté le roman à succès de Frédéric Beigbeder.
Synopsis
Portrait d’un créateur de publicités embauché dans une des plus grosses sociétés mondiales, doté d’un salaire indécent, cynique, prétentieux, et cocoaïnomane.
On a affaire à un cadre supérieur au-dessus des soucis des pauvres gens mais dont la vie, à en croire l’auteur, n’est pas enviable pour autant. L’argent et le pouvoir auraient déformé sa personnalité jusqu’à le rendre égoïste et éternellement insatisfait.
Le film s’attarde sur la chute aux enfers de cet individu, précipitée par son incapacité à garder l’amour d’une femme et sa prise de conscience de la pourriture du système auquel il fait mine d’adhérer.
Une critique globale du capitalisme
Ce que nous voyons pendant plus de 100 minutes est une critique globale du capitalisme et de l’industrie superflue qui règne dans le monde moderne du XXIe siècle, de la tête aux pieds.
Je ne le qualifierais pas de comédie utilisant l’humour blanc, ni ne ferais cette description du synopsis, car il s’agit plutôt d’une satire, d’une comédie noire et d’une exploitation des drogues. Ce film montre de manière ironique ce qu’est la société, l’ambition, le superflu que nous pensons vital et ce que le monde est devenu, ce qui, avec beaucoup de sens, nous parle de l’absurdité de ce que certains appellent le monde de la publicité, car en utilisant cette ressource irrationnelle, il nous fait voir la réalité des choses.
L’histoire dénonce une grande partie de ce qui se passe aujourd’hui et j’ai beaucoup aimé cela, comment l’être humain a oublié sa valeur et a donné plus de pouvoir et d’importance à d’autres choses, comme des objets et des choses banales qui, en fin de compte, n’en valent pas la peine et ne déterminent pas si une personne est inférieure ou supérieure.
Nous sommes exposés tels que nous sommes, tels que quelques-uns veulent que nous soyons, d’une manière qui donne l’impression que, au cours du film, rien n’aura d’importance, que tout est secondaire ou en arrière-plan et semble ridicule, tellement ridicule que cela vous invite à repenser une grande partie de ce qui s’y passe. Dans ce même discours mordant se cache une vérité qui ne devrait échapper à personne qui lui donne une chance.
La mise en scène
La mise en scène est puissante car elle maintient le rythme en évitant les séquences vides, ainsi que les interprétations correctes et cette mise en scène très américaine, comme cela a été fréquent dans les dernières productions françaises ces dernières années.
Elle nous ramène cycliquement à nos instincts occidentaux les plus basiques, puis nous ramène à la paix, et encore et encore, répète la formule jusqu’à ce que l’on parvienne à se détendre et à ne plus attendre, à nous faire capituler et à commencer à profiter, sans perdre de vue l’histoire, l’une de celles que je répète (et que je répéterai peut-être encore) : nous faire réfléchir de manière introspective, mais malheureusement, nous oublierons rapidement avec le temps qui passe, lorsque nous achetons et dépensons pour tout ce que nous voyons au premier regard, triste mais vrai.

Le rôle de Jean Dujardin
Tout le poids repose sur le rôle de Jean Dujardin qui incarne Octave, un personnage qui provoque d’abord le rejet, puis finit par nous faire adorer le vrai visage du monde du marketing.
Avec beaucoup de contenu visuel, grâce à un tournage dynamique, des dialogues mémorables, des phrases acides, le film devient addictif. Ce qui ressort le plus, c’est la manière dont le film adopte différentes approches, notre personnage est impliqué dans différentes situations conflictuelles dont il ne parvient pas à se sortir complètement. Je dois avouer que j’adore voir Dujardin partout où il apparaît, et avec ce film, il démontre plusieurs de ses talents et prouve qu’il peut sortir de la moyenne, car il a un énorme potentiel en tant qu’acteur de comédie noire et sérieuse, qu’il devrait exploiter plus régulièrement, comme nous l’avons vu il y a deux ans dans Deerskin.
Son personnage est taillé sur mesure pour lui et il s’y investit pleinement, mais en même temps, j’ai l’impression que cela le pousse hors de sa zone de confort et l’oblige à se donner davantage en tant qu’acteur.
Le talent d’acteur de Jean Dujardin
Dujardin accomplit le petit miracle de nous faire plaindre les publicitaires surpayés, narcissiques et suffisants qui vident les comptes de la société pour que nous puissions vivre le rêve qu’ils veulent que nous vivions.
Dujardin est habitué à jouer les odieux personnages dont on ne peut s’empêcher de tomber amoureux. En tant qu’Octave Parango, roi de l’univers, Dujardin réussit son plus grand coup et nous convainc que même les hommes de la pub ont une âme, enfouie quelque part sous une montagne d’ego.
Bien que l’expérience du spectateur soit quelque peu amère en raison de quelques digressions futiles dans la vulgarité, le film parvient quand même à faire passer son message qui est que la publicité est un mal social, tout en délivrant un flot presque continu de gags rieurs.
Réalisé avec imagination par Jan Kounen (un de ses meilleurs films), et joué par Jean Dujardin qui fait tout son possible comique pour nous persuader que le sort d’un publicitaire n’est pas heureux, 99 francs vaut le coup d’oeil.
Informations sur le film
- Genre : Comédie
- Réalisé par : Jan Kounen
- Écrit par : Jan Kounen, Nicolas Charlet, Bruno Lavaine
- Au cinéma : le 26 sept. 2007
- Durée : 102 minutes
- Studio : Equinoxe Films
Casting
- Jean Dujardin en tant qu’Octave Parango
- Jocelyn Quivrin en tant que Charlie
- Patrick Mille en tant que Jeff
- Vahina Giocante en tant que Sophie
- Elisa Tovati en tant que Tamara
- Nicolas Marie en tant qu’Alfred Duler

Avis personnel
Les qualités du film
J’ai aimé le film 99 francs pour plusieurs raisons, qui me sont personnelles et que peut-être vous ne partagerez pas :
- la réalisation, originale et moderne, nous donne le sentiment de regarder une oeuvre différente des autres ; malgré les entorses au réalisme l’ensemble reste lisible, « digeste ».
- il s’agit d’une satire – on se moque de la société, on dénonce ses travers et le tournant qu’elle emprunte.
- le monde de la publicité m’intéresse car il porte en lui les germes de notre société contemporaine avec tous ses excès. Qu’est-ce au juste que la publicité ? L’art de vendre des produits contre de l’argent à des personnes dont on veut absolument qu’elles consomment ? Le symbole du capitalisme ? L’enrichissement de quelques ultra-riches grâce aux achats d’une masse de gens appartenant à la classe moyenne ?
- Les dangers de la drogue sont bien décrits.
Ce film m’a donc bien intéressé, même si je concède qu’il peut ne pas plaire à tout le monde et qu’il choque le spectateur. Un film intelligent – attendez-vous cependant à quelques scènes pouvant heurter.
⇒ Le roman à l’origine du film est disponible ici à 5,90 € (Amazon)
Le thème de la publicité dans le film 99 Francs
La publicité est un vilain mot, peut-être le plus vilain de la langue anglaise.
S’il y a un aspect de la vie moderne qui mérite d’être satiré à mort, c’est bien cette industrie égoïste qui se consacre exclusivement à nous contraindre à acheter des choses dont nous n’avons pas besoin et qui ne fait que très peu pour améliorer notre qualité de vie.
Frédéric Beigbeder, un ancien publicitaire, a connu un succès retentissant en France avec son roman 99 F (réédité plus tard à 14,99 euros), un livre qui égratignait méchamment une industrie vile pour exposer ses travers.
Dans sa vibrante adaptation cinématographique, le réalisateur Jan Kounen parvient à capturer une grande partie de l’ironie piquante, de l’humour noir et de la dénonciation anti-consommation du roman de Beigbeder.

Les points négatifs qui nuisent au charme du film
Quels sont les points négatifs qui nuisent à son charme ? Le film se concentre trop sur la dépendance à la cocaïne du protagoniste et l’excès d’absurdité qui, parfois, obscurcit le véritable message à transmettre, presque omniprésent, avec quelques sauts dans le fil conducteur qui font que 99 Francs ressemble presque à un clip vidéo sans aucun sens.
Remarquez également comment les films de ce type, qui montrent un surplus d’énergie, lui font perdre de sa grâce, car une histoire comme celle-ci devrait avoir plus de hauts et de bas pour laisser le spectateur respirer par moments. Cette sensation d’hyperactivité ne permet pas d’analyser tout son contenu et on l’oublie rapidement pour prêter attention à ce qui suit, et ainsi de suite, presque comme si le film, plutôt que de nous aider à nous informer, voulait laisser quelque chose de subliminal dans notre inconscient, faisant ainsi le contraire.
Se pourrait-il que ce soit là le but premier de sa réalisation et que nous nous soyons tous trompés ? 🤔 99 Francs nous montre que ce que le cinéma peut nous offrir n’a pas de prix, car nous avons ici un film français remarquable, rafraîchissant et psychédélique, très divertissant, qui, bien qu’il déborde souvent d’absurdité, tente avec subtilité d’éviter d’y tomber et finit par réussir à faire passer son message.
Une comédie très recommandable et acide, différente et hors du commun.
Le défaut du film 99 Francs
Le talent particulier de Jan Kounen en tant que cinéaste, comme l’ont démontré ses précédents films Dobermann (1997) et Blueberry (2004), consiste à créer un impact visuel distinctif. Il est moins efficace lorsqu’il s’agit de construire un récit cohérent, ce qui l’empêche d’atteindre le niveau de reconnaissance qu’il mérite hors de France.
99 francs a le même défaut que Doberman, mais cela pose moins de problème car le film ne raconte pas une histoire mais plutôt un commentaire social. Le film s’attaque avec humour à une industrie qui a beaucoup à répondre et qui a dépassé depuis longtemps sa date limite de péremption.
99 francs auraient très facilement pu se transformer en une diatribe anticapitaliste de mauvais goût. Mais le film ne tombe pas dans cet excès, grâce à Jean Dujardin qui monopolise le spectateur, en tant qu’acteur talentueux d’un grand potentiel comique, et qui apporte une touche d’humanité au débat.

Visitor Rating: 5 Stars
Je l’ai vu à l’époque mais en screener tout dégueulasse, à revoir peut-être en meilleure qualité même si ce film m’avait pas marqué plus que ça.