Les gens semblent confus après avoir regardé Une Bataille après l’autre de Paul Thomas Anderson avec Leonardo Di Caprio. Je ne m’étais pas du tout spoilé avant de voir le film, j’avais juste l’impression qu’il s’agissait d’un film de gangsters, mon genre préféré (ce qui est faux puisqu’après visionnage il s’agit d’un thriller politique), et j’avais lu les 5 films qu’Anderson recommandait de voir avant le sien.
Les gens ne savent pas s’il faut aimer les scènes d’action du film, détester les longueurs, y a-t-il du manichéisme à fond ? quelle direction il prend ? pourquoi y a-t-il de l’humour dans un film dramatique ? Le film interroge.
Ai-je aimé le film ? Oui mais pas pour ce qu’il est. Je l’ai aimé parce que je pense avoir compris dès le début où voulait en venir Anderson. Pour moi, il voulait faire de son thriller politique une parodie des vieux thrillers politiques de la même manière qu’Impitoyable de Clint Eastwood l’a fait pour les vieux westerns. Eastwood s’est moqué des vieux westerns dans lesquels les cowboys n’avaient aucune moralité. Anderson a voulu se moquer des thrillers politiques dans lesquels le bon gagne toujours sur le méchant. Sauf qu’il l’a fait en moins bien, même si j’avoue, quand on appréhende le film sous cet angle, on commence à l’apprécier.
Pourquoi Une Bataille après l’autre est une parodie
Dans Une Bataille après l’autre, à aucun moment Di Caprio ne tue quelqu’un, ne s’en prend à quelqu’un ou même n’interagit physiquement avec un antagoniste. Celui qui tue le méchant à la fin, ce n’est pas lui. Il se ballade durant tout le film dans un vieux pyjama pourri. Tout ce qu’il fait, c’est apprendre à se servir d’un téléphone et hurler au combiné pour qu’on lui donne un mot de passe.
Dans le film tout le monde se ment l’un à l’autre : Di Caprio n’avoue pas à sa fille que sa mère est une balance, sa fille n’avoue pas à Di Caprio qu’en réalité elle n’est pas sa fille biologique, les révolutionnaires se balancent mutuellement et le Ku Klux Klan emploie la même arme meurtrière que les nazis (le gaz) pour liquider un des leurs qui a fauté.
Le maître-mot du film est le mot « décalage »
Le protagoniste incarné par Leo DiCaprio ne semble pas être dans le bon film. Sa paranoïa ne correspond pas au personnage d’expert en explosifs non-conformiste qu’il est censé incarner au départ. Et je ne comprends toujours pas pourquoi avoir fait de Sean Penn un méchant si risible et si caricatural. Sa double mort est digne d’un film comique, alors qu’on a envie de se plonger dans un un thriller.
Le titre veut bien dire ce qu’il dit : Une Bataille après l’autre, c’est le passage de flambeaux de la génération d’après-guerre qui n’a plus du tout envie de faire la guerre mais au contraire qui est devenue pantouflarde.
Ce qui m’a fait peur de prime abord dans le film, ce sont les éléments woke que manifestement, Hollywood ne peut s’empêcher d’inclure ou au moins d’invoquer dans ses films aujourd’hui. C’est barbant parce que cette guerre est peut-être la guerre des américains, mais pas celle du monde entier.
Le bon côté, c’est que justement il met en scène les éléments woke mais sans les mettre sur un piédestal, sans prendre partie.
Qualités et défauts
Dans les défauts, le film est non seulement long (2h42), mais en plus on a l’impression que certaines scènes ne servent qu’à amuser le réalisateur. Il se fait manifestement plaisir. Il a raison de le faire, mais dans ce cas il faut le faire dans le sens du spectateur : pour lui faire plaisir à lui, pas à celui qui fait le film. Et dans le cas d’Une Bataille après l’autre, le spectateur voudrait plus d’action et moins de blabla.
De même, j’ai trouvé la musique insupportable : il y a des passages entiers où l’on voit de la route (ou était-ce sur les toits ?) et une musique saoulante au piano (un peu jazzy) très forte sans aucune parole. Oui, on a compris que le réalisateur voulait se faire plaisir, mais et nous là-dedans ?
Dans les bons côtés, il y a justement les scènes d’action. Elles sont impeccables, les courses-poursuites en voiture sont magistrales, parmi les meilleures que j’ai vues.
Ensuite vient Leonardo Di Caprio, toujours aussi bon acteur. D’ailleurs j’ai trouvé l’ensemble des acteurs très bons, sans exception. Gros point fort du film (à part peut-être la jeune qui joue Charlene, mettons son manque d’expression sur le compte de sa jeunesse).
Il y a aussi le fait que le film ose parler politique, ce qui est un peu casse-gueule aujourd’hui. Son but premier était de tourner en dérision ceux qui veulent révolutionner le monde, mais au final on a un goût amer parce qu’on a l’impression qu’il n’a pas réussi totalement à atteindre ce but. Certes c’est un échec pour les révolutionnaires, mais le scénario détruit aussi « les méchants occidentaux patriarcaux »… cible facile, c’est vraiment lourd à porter pour le film.
- Le film détruit les blancs mâles racistes
- les militaires
- les sectes
- les mauvais pères
Bref uniquement des cibles TRES faciles. Dommage pour une oeuvre qui avait une ambition démesurée au départ.
Ce film est vraiment captivant ! Jai adoré la façon dont Anderson parodie les thrillers politiques classiques. Lidée de Di Caprio qui ne tue personne et se contente dapprendre à utiliser un téléphone est géniale. Les scènes daction sont incroyables, surtout les courses-poursuites en voiture. Mais jai trouvé le film un peu long et certains moments se font un peu trop plaisir à lécran. La musique était aussi insupportable. Heureusement, les acteurs sont excellents, et le film ose aborder des thèmes politiques, ce qui est rare aujourdhui. Par contre, jai trouvé que le film détruit trop facilement les méchants pour être vraiment convaincant. Une bonne tentative, mais qui manque peut-être de profondeur.