Que ce soit sur French Stream, suite à un téléchargement ou à un moyen légal, lorsque je regarde un anime, je choisis toujours un anime ancien et rarement une nouveauté. Plusieurs raisons à ça :
- Vous avez du recul et profitez de nombreuses critiques objectives. Inversement, les nouveautés (que ce soit les anime, les films, les livres ou ce que vous voulez) sont l’objet d’une propagande active qui n’a que des objectifs commerciaux sans aucune valeur critique. De fil en aiguille, en choisissant un oeuvre du passé, vous pouvez réellement choisir les oeuvres les meilleures.
- Vous pouvez visionner une série terminée. C’est pénible, avec une série en cours, d’attendre chaque semaine le nouvel épisode. Ça coupe.
- Vous n’avez pas à subir la censure. Je prends l’exemple le plus contemporain qui soit avec la sortie prochaine de Ranma 1/2. Dans le Ranma 1/2 de 1989, on ne nous cachait rien du corps de Ranma fille. Dans la version de 2024 dessinée par l’excellent studio Mappa, les dessins sont censurés. Le problème, c’est que Ranma 1/2 sans ses scènes osées, ce n’est plus Ranma 1/2.
Un style d’animation unique
Regarder un anime ancien, c’est aussi retrouver un style graphique qui a marqué son époque.
- Que ce soit par l’utilisation d’une palette de couleurs plus douces
- des traits de dessin plus épais
- une animation manuelle
…ces œuvres dégagent une atmosphère inimitable qui rappelle les premiers jours de l’animation japonaise. À une époque où tout est désormais digitalisé et souvent standardisé, les anciens anime se distinguent par leur authenticité visuelle.
Prenons par exemple l’iconique série Albator (Captain Harlock en version originale) : ils ont non seulement marqué les esprits par leur histoire, mais aussi par leur esthétique singulière, Matsumoto aimant les personnages filiformes.
Inversement, certains vieux anime sont souvent caractérisés comme ayant une animation mauvaise ou même horrible. Ce n’est pas tout à fait faux. Les vieux animes utilisaient beaucoup plus d’arrière-plans paresseux et en boucle ainsi que des images d’archives afin d’animer moins les épisodes. Mais si l’on veut essayer d’appliquer cette idée comme une règle, elle s’effondre rapidement.
Le premier anime TV d’Astro Boy avait du sakuga par endroits. Même les séries les plus graves avaient parfois une bonne animation, et le 20e siècle est une époque où l’animation de qualité a prospéré. C’était une époque où les OVA dominaient les productions télévisées, ce qui a permis de produire de nombreuses animations de qualité. Les productions télévisées ont souffert, mais les anime de l’époque n’étaient certainement pas mal animés en général, du moins pas beaucoup plus qu’ils ne le sont aujourd’hui.
Un storytelling plus mature
Les anime d’avant la censure mondiale généralisée ne prenaient pas les spectateurs pour des enfants, même quand il s’agissait de dessins animés. Les scénarios étaient complexes, abordant des thèmes profonds et universels. Des œuvres comme Akira ou Ghost in the Shell ont su mêler science-fiction et réflexion philosophique, influençant même le cinéma occidental.
À l’inverse, de nombreux anime modernes se concentrent sur des formules éprouvées pour plaire à un large public, au détriment d’une profondeur narrative. Pas tous, heureusement. En optant pour un ancien anime, on est souvent assuré de découvrir une histoire qui a su traverser les âges et marquer les générations par son scénar.
Un regard sur l’évolution de la société et de la culture
Les anciens anime offrent une fenêtre sur la société et la culture japonaise d’une époque révolue. En regardant des œuvres plus anciennes, on perçoit des aspects de la vie quotidienne, des préoccupations sociales, et des modes de pensée présents à l’époque de leur création.
Une série comme City Hunter reflète une certaine vision du Japon des années 80, avec ses quartiers animés, ses relations humaines et ses dilemmes moraux. Je ressens la même chose en regardant certains films en noir et blanc ou du début des années 1970 : on a un regard privilégié sur les décors, les villes d’alors, la population complètement différente et la culture aussi. On ne peut s’empêcher de se dire : Comment en est-on arrivé là aujourd’hui ?
Des adaptations plus fidèles à l’œuvre originale
Certains anime anciens sont plus fidèles aux mangas dont ils sont issus. Lorsque de nombreuses adaptations sont produites à la hâte pour capitaliser sur la popularité d’un manga, cela se fait au détriment de la qualité.
Les anime modernes sont sujets à une production « saisonnière » avec des arcs interrompus et des fins laissées en suspens dans l’attente d’une éventuelle nouvelle saison. A l’inverse, les adaptations plus anciennes prenaient le temps de suivre fidèlement l’histoire originale, permettant une immersion complète dans l’univers de l’auteur.
Le problème de la disponibilité des anciennes séries
La plupart des anciennes séries n’apparaissent pas sur les services de streaming, et beaucoup ne sont même plus disponibles sous forme de support physique.
Le torrent et le streaming illégal sont donc les seules méthodes pour regarder de nombreuses séries classiques, et ceux qui n’ont pas l’habitude de le faire ne vont probablement pas s’embêter alors qu’il y a beaucoup de séries plus récentes à leur disposition.
Si l’on ajoute à cela le fait que la plupart des discussions au sein de la communauté se concentrent sur les séries en cours de diffusion, beaucoup ne ressentent pas le besoin de rechercher des séries plus anciennes si elles ne sont pas déjà sur Crunchyroll ou Netflix. Cela dit, je pense que les quantités massives d’anciens anime de grande valeur valent le coup de trouver de vieux trucs malgré l’ennui d’avoir à le faire.
Le streaming a fait de l’anime saisonnier le principal point de discussion au sein de la communauté. L’accès aux animes juste après leur diffusion au Japon signifie que nous recevons des séries plus rapidement que jamais, et c’est donc de cela que les gens discutent. C’est un problème de pertinence. Les anime plus anciens ne sont plus aussi visibles lorsque la prochaine grande nouveauté est présentée.
Cela m’amène à la dernière affirmation que j’entends : l’idée que les vieux anime n’ont tout simplement rien à offrir en termes de narration ou de personnages forts. Cette affirmation est pratiquement indéfendable, mais je l’ai entendue de temps en temps. Le plus souvent, elle est exprimée par quelqu’un qui n’aime pas les anime de science-fiction. Cela dit, il y a plein de séries intéressantes qui n’étaient pas de la science-fiction.
Le charme intemporel des classiques
Pour regarder des anime complets, terminés et bénéficiant d’une bonne critique après-coup, pas la peine non plus d’aller chercher trop loin en arrière. Certaines séries relativement récentes et excellentes n’ont pas attendu bien longtemps avant de disparaître des commentaires, des blogs et même des écrans de télévision. En ce moment, par exemple, je redécouvre l’excellent Shingeki no Bahamut qui ne date « que » de 2014. Qui connaît cette série en France ? Vous avez bien quelques critiques aux Etats-Unis, mais rien en France.
Regarder un ancien anime, c’est faire un bond dans le passé et redécouvrir une époque où l’animation était réalisée avec passion et soin du détail. C’est se plonger dans des récits qui ont su marquer les esprits et qui continuent de résonner auprès des fans. Les classiques ont ce charme indéniable qui les rend intemporels. En optant pour une œuvre du passé, vous misez sur une valeur sûre, à l’abri des modes et des tendances éphémères, et profitez d’une expérience de visionnage souvent plus complète et authentique.
Bien sûr, la raison la plus évidente pour laquelle les gens ne regardent pas les vieux animes est qu’ils ne s’en donnent tout simplement pas la peine. Il y a plus de bons animes qui sortent chaque saison aujourd’hui qu’il n’y en a eu pendant de nombreuses années dans le passé, il est donc compréhensible que certains n’aient pas l’idée de regarder les classiques.
Mais je pense que toute personne qui se dit vraiment fan de ce média a le devoir de revenir en arrière et de regarder les œuvres fondatrices de l’anime. Je suis encore en train de le faire moi-même, et vous pouvez commencer à n’importe quel moment, mais cela vaut vraiment le coup.