Tout le monde déteste les films modernes, même les acteurs qui y jouent. D’ailleurs personne ne va les voir. Un ami de Paris m’a dit que les cinémas locaux rediffusent les vieux films classiques, parce que plus personne ne veut voir les nouveaux films. Si les habitants de Paris ne veulent pas voir de films modernes, qui le veut ? C’est bizarre parce qu’il y a vingt ans à peine, la plupart des films étaient plutôt bons. Que s’est-il passé ?
Pour autant que je sache, il y a plusieurs raisons pour lesquelles les films modernes sont nuls
Raison n° 1 : les Oscars
En 2016, Leonardo DiCaprio a remporté son premier Oscar. Savez-vous pour quel film ? Pas The Great Gatsby, ni The Wolf Of Wall Street, ni Django Unchained, ses films les plus célèbres des années 2010. Non. Il a remporté son Oscar pour The Revenant, un film méconnu. Plus de gens ont vu Le Loup de Wall Street que The Revenant. Les gens le regardent encore aujourd’hui. Et les mèmes du Wolf Of Wall Street sont partout sur internet. De plus, la performance de Leo dans Le Loup de Wall Street est sublime.
Alors pourquoi le Loup de Wall Street n’a-t-il pas reçu d’Oscar ? En toute honnêteté, Leo a été nommé pour l’Oscar du meilleur acteur cette année-là, mais il l’a perdu au profit de Matthew McConaughey pour son rôle dans Dallas Buyers Club, un film dont je n’avais jamais entendu parler auparavant.
Les cinéastes savent que si vous voulez divertir les gens, vous faites un certain type de film. Et si vous voulez gagner un Oscar, vous faites un autre type de film. Le problème, c’est que beaucoup de cinéastes se soucient davantage de gagner des Oscars que de faire de bons films. Ils font donc des films que les élites snobs font semblant d’aimer, et non des films que les gens ordinaires aiment vraiment.
Si les Oscars étaient supprimés demain, les films s’amélioreraient considérablement (voir sur un autre blog Pourquoi Di Caprio n’a pas besoin d’Oscar ?).
Raison n° 2 : la capacité d’attention
À l’âge de 15 ans, j’ai regardé Le Parrain pour la première fois et je n’ai pas aimé. J’avais du mal à suivre ce qui se passait. Un peu plus tard, je discutais avec un de mes camarades de lycée. Il m’a dit qu’il avait regardé Le Parrain et qu’il l’avait trouvé génial, mais difficile à suivre.
Pourquoi ? À cause de nos cerveaux stupides et ramollis. Nous avons grandi avec internet. La génération Z regarde des TikToks qui durent quelques minutes. Les gens n’ont plus la capacité d’attention nécessaire pour regarder des films de trois heures au rythme lent.
De nombreux réalisateurs modernes le savent. C’est pourquoi ils mettent des tonnes de cloches et de sifflets dans leurs films. Ils s’assurent d’avoir une explosion, une poursuite en voiture ou un rapport sexuel toutes les trois minutes, juste pour que les gens restent attentifs.
Bien sûr, on ne peut pas faire un film en se contentant d’assembler des éléments qui attirent l’attention. Les films doivent avoir des intrigues. Des thèmes. Et un développement des personnages. Sinon, vous repartez en vous demandant « mais qu’est-ce que je viens de regarder ? ».
Raison n° 3 : le virus woke
- Les gens ont un sens interne de ce qui est bien et ce qui est mal
- de ce qui est héroïque et ce qui est lâche
- de ce qui est honorable et ce qui est déshonorant.
Si vous leur montrez un film qui correspond à leur sens moral interne, ils l’aimeront. Si vous leur montrez un film qui ne correspond pas à leur sens moral interne, ils ne l’aimeront pas.
Le Wokisme est essentiellement une tentative de changer les codes moraux des gens par la force. Le problème, ce n’est pas le terme « code moral », c’est le terme « par la force ». Lorsque vous regardez un film avec des valeurs « woke », vous avez l’impression que quelque chose ne va pas. Même si l’on veut soutenir que ces valeurs sont meilleures pour la société que les valeurs traditionnelles, les gens considèrent qu’ils sont assez grands pour se faire leur propre opinion. Les gens ont un besoin inné de sentir qu’ils maîtrisent la situation. Ils détestent qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire. Alors faites un film avec trop de couples gays, de transgenres et de « personnages féminins forts », et vous ne ferez que les énerver.
Sans compter que le wokisme rejette dans un racisme flagrant tous les gens qui se moquent que certaines personnes soient homosexuelles mais qui croient en une société traditionnelle avec des rôles différents entre hommes et femmes.
Raison n°4 : les producteurs font trop de suites et de remakes
Aujourd’hui, le fils de Frank Herbert, Brian Herbert, continue d’écrire de nouveaux romans Dune. Les nouveaux romans de Dune sont nuls et sont une véritable perte de temps, mais certaines personnes les achètent encore parce qu’elles sont obsédées par l’univers de Dune. Ils doivent connaître la suite, même si cela signifie passer des heures et des heures à lire un livre horrible (voir des témoignages ici).
L’industrie cinématographique fonctionne de la même manière. Créer une toute nouvelle franchise cinématographique est un risque : les gens peuvent l’aimer, ils peuvent ne pas l’aimer. En revanche, faire une suite à une franchise cinématographique existante, c’est de l’argent plein les poches. Les personnes qui ont aimé le premier film iront presque toujours voir le deuxième… et le troisième, et le quatrième… sans trop regarder à ce qu’il y a dedans.
Les succès garantis sont d’autant plus précieux dans l’industrie cinématographique que celle-ci est très volatile. Les studios de cinéma ne produisent qu’une douzaine de films par an. Nombre d’entre eux sont des flops et perdent de l’argent. Si vous êtes un studio de cinéma, vous devez avoir quelques grands succès pour compenser vos échecs, sinon vous risquez d’enregistrer une perte pour l’année. C’est là qu’interviennent les suites.
Malheureusement, les suites sont presque toujours nulles. Elles ne sont presque jamais aussi bonnes que le film original. Pourquoi ? À cause de la régression vers la moyenne. Si le premier film s’est bien vendu, c’est probablement parce qu’il a eu de la chance : le scénariste a écrit un script exceptionnellement bon ou le réalisateur a fait un travail exceptionnellement bon. Si un joueur de tennis frappe à 200 km/h après la première semaine de la saison, vous pouvez parier que sa moyenne de frappe va baisser. Il frappe à 200 parce qu’il a eu de la chance. De la même manière, les films qui font un carton au box-office ont probablement eu de la chance. Si vous faites une suite, elle n’aura pas de chance et ne sera pas aussi bonne.
Raison n° 5 : Hollywood est déconnecté de la réalité
Les riches, en particulier les élites hollywoodiennes, sont déconnectés de la réalité. Ils ne comprennent pas les problèmes que rencontrent les gens ordinaires. Cela a toujours été vrai dans l’histoire américaine, mais c’est probablement plus vrai aujourd’hui que par le passé.
Si vous voulez une preuve que les élites d’Hollywood ont perdu l’esprit, il suffit de regarder l’Etat dans lequel elles vivent :
- La Californie refuse de poursuivre les petits vols pour des raisons idéologiques.
- Elle autorise les sans-abri à sortir de l’héroïne dans la rue. D’ailleurs une étude du Public Policy Institute of California (PPIC) a montré une augmentation des vols après la mise en œuvre de la Proposition 47 (PPIC).
- Elle vient d’augmenter le salaire minimum dans la restauration rapide à 20 euros de l’heure (à quelques exceptions près qui correspondent à des arrangements entre copains).
- Le système éducatif californien a pris des initiatives comme l’introduction de cours d’études ethniques obligatoires, perçus par certains comme trop idéologiques puisque les programmes d’histoire sont révisés.
Lorsque vous êtes déconnecté de la réalité, il est pratiquement impossible de faire de bons films. Vos personnages ne ressemblent pas à de vraies personnes. Vos intrigues semblent inventées. Vos leçons de morale ne sont pas racontables. Et caetera.
Hollywood souffre également de plusieurs problèmes
Ce que j’aime appeler le « Tarantinoisisme ». À l’époque où j’ai découvert le cinéma, un film bien réalisé était défini comme un film dans lequel « vous pouviez baisser le volume et suivre l’histoire ». Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le langage visuel du cinéma est en train de mourir. À l’exception des derniers réalisateurs de la vieille école, plus personne ne l’utilise et, par conséquent, il n’y a plus rien à « voir » dans les films modernes. Il y a quelques exceptions comme The Artist, mais la plupart des films ont dégénéré en têtes parlantes.
Raison n° 6 : l’économie
Nous avons déjà expliqué que les seuls films qui se font de nos jours sont des films de super-héros, des suites et des remakes. Il n’y a pas d’autre choix que de se tourner vers Marvel, sans beaucoup d’options. Un acteur que j’aime beaucoup, Matt Damon, l’a dit clairement :
« C’est l’économie, stupide. Les coûts initiaux pour faire des films sans le soutien des achats de DVD plus tard rendent impossible la réalisation d’un film comme ceux que j’ai fait dans les années 90. »
C’est une hypothèse intéressante, mais Hollywood faisait du grand cinéma et était une industrie florissante pendant 40 à 50 ans avant que le magnétoscope et le visionnage à domicile ne fassent leur apparition dans les foyers. Comment Hollywood a-t-il pu réaliser Casablanca, Les Dents de la mer, Le Parrain, Voyage au bout de l’enfer, etc. sans les DVD ?
Les années 70 sont largement considérées comme la plus grande décennie de l’histoire du cinéma. Les DVD n’existaient pas à l’époque. Pour une raison ou une autre, ils n’avaient pas besoin de la vache à lait secondaire que représente le visionnage à domicile pour justifier la production de films.
Ce que dit Damon est tout à fait justifié, mais nous sommes à l’ère d’internet. Je ne sais pas s’il faut dépenser 50 millions de dollars en publicité comme il le dit. Je ne pense pas que vous ayez besoin de panneaux d’affichage et d’une voix off. Il doit y avoir un autre moyen de commercialiser un film à un coût réduit qui vous permette de faire des films convaincants.
L’idée qu’il n’y a rien d’autre à faire que de lever la main et de pointer du doigt les services de streaming qui tuent les revenus des DVD me semble être une excuse. Il doit y avoir un moyen pour Damon et tous les autres de continuer à produire des films comme Good Will Hunting, ou de retrouver sur nos écrans des films comme Le cercle des poètes disparus.
Conclusion
Le grand public semble avoir une capacité d’attention beaucoup plus faible et est moins disposé à creuser et à prêter attention aux films avec des détails et des thèmes lourds ou des intrigues complexes (Le syndrôme Tiktok). Aujourd’hui, en raison du manque de culture cinématographique, vous pouvez refaire presque n’importe quel film et la plupart des gens penseront qu’il s’agit d’un nouveau film. Vous avez déjà vu City On Fire ? C’est un film d’action de Hong Kong. C’est aussi Reservoir Dogs. Ou plutôt, Reservoir Dogs est City On Fire avec quelques changements mineurs. Les seuls films originaux de nos jours étaient réalisés par David Lynch jusqu’à sa mort le 16 janvier 2025 ou mettent en scène des super-héros. Et les super-héros commencent à se faire vieux.
Ce qui m’amène à ma dernière réflexion : Disney a trop politisé ses nouveaux films. La politisation n’est pas le problème. Le problème, c’est que les réalisateurs, les studios et les entreprises remplacent une bonne histoire par des questions politiques. Ils ne se soucient pas de la qualité du scénario ou du film. Ils veulent simplement que leurs messages erronés soient diffusés. Les films peuvent contenir les deux, mais il est rare aujourd’hui de voir les choses bien faites.