C’est un sujet récurrent lorsque différentes séries de shonen sont comparées les unes aux autres.
« Hunter x Hunter n’est pas comme les autres shonen de l’ère moderne. »
Mais en quoi est-ce le cas ? Quelles sont les choses qui séparent HxH et en font une entité à part ?
J’ai voulu essayer de rassembler les points qui, selon moi, ont fait de HxH ce qu’il est. Pas dans un ordre particulier, mais voilà ce qui me vient à l’esprit en premier :
Hunter x Hunter ne montre pas l’équipe principale typique
Dans la plupart des séries d’action shonen, les équipes de protagonistes sont généralement composées de :
- – Un personnage principal qui est le centre d’intérêt de l’histoire
- – Le rival qui se dispute toujours avec le personnage principal et qui veut le surpasser tout le temps.
- – Le comique qui veut essayer d’agir et d’avoir l’air cool devant l’équipe.
- – L’héroïne. Généralement Mme Fanservice.
- – L’animal de compagnie/le mignon.
Nous pouvons évidemment voir que l’équipe principale de HxH n’a pas d’héroïne, et donc pas de moments de fanservice inutiles ni de romance ou de triangle amoureux au sein de l’équipe. C’est une équipe d’hommes virils. Et bien sûr, nous n’avons pas d’animal de compagnie mignon qui fonctionne comme une mascotte pour l’équipe et qui répand des étincelles mignonnes (suivez mon regard, je pense à Re Zero). Cela prouve qu’ils ne sont pas nécessaires pour faire progresser les personnages principaux.
Le protagoniste principal n’est pas toujours le centre d’intérêt principal
Même si Gon est le protagoniste principal, il n’est pas toujours le centre d’intérêt. Il y a d’autres personnages qui prennent autant ou même plus de place que lui comme Kurapika dans l’arc Yorknew et Killua dans l’arc Chimera Ants.
D’autres séries veulent essayer de forcer le protagoniste principal à participer à tous les conflits possibles et à faire de lui le dernier à se tenir debout, faisant de tous les autres ses suiveurs.
Le protagoniste principal échoue plus souvent qu’il ne réussit
Quand on y pense, Gon ne gagne pas la plupart de ses batailles, même s’il gagne quelque chose d’autre en retour.
- Il n’a pas pu vaincre Hanzo
- il n’a pas pu vaincre Gido à son premier essai
- il n’a pas pu vaincre Hisoka
- il n’a pu vaincre aucune des araignées
La plupart du temps, il gagne contre des ennemis mineurs, mais il finit par vaincre un super-vilain (Genthru) tout seul dans un combat de vie ou de mort après coup, mais il a reçu beaucoup de dégâts.
S’il s’agissait d’une autre série shonen, il déclencherait un deux ex machina pour gagner ses batailles et ne perdrait jamais.
Les méchants pas si typiques que ça
J’ai déjà parlé de ma réflexion sur les méchants. Akatsuki et Espada n’ont rien à envier à la Brigade Fantôme !
Les Araignées sont plus humains que n’importe quelle autre bande de méchants !
- Ils pleurent leurs camarades morts,
- ils se soucient les uns des autres,
- ils s’amusent ensemble,
- le chef n’est pas un connard qui les abandonne quand il veut,
- et même les protagonistes sympathisent avec eux !
Il y a des personnages dont je ne comprends toujours pas les motivations. Comme Meleoron. Je ne sais toujours pas s’il est vraiment un bon gars ou s’il fait semblant. Et le roi Meryem bien sûr. Je n’arrive toujours pas à comprendre s’il va changer d’avis en jouant avec Komugi ou s’il va se contenter de faire de la lèche jusqu’à la fin !
Les motivations de Kalluto restent un mystère. Pourquoi a-t-il rejoint la Troupe fantôme ? Et qu’en pensent Killua et le reste de la famille ?
À l’exception de Genthru, je trouve que les méchants de la série sont des personnages tridimensionnels. Ils ne sont pas méchants juste pour être méchants. Ils ont leur propre programme et leurs propres raisons. Et ils sont si bien écrits que vous vous demandez vraiment s’ils sont vraiment méchants.
La mort est une affaire sérieuse
Vous n’avez pas idée à quel point je déteste que la mort soit devenue bon marché dans le genre shonen. Si quelqu’un doit mourir, il y a toujours un sort de résurrection préparé pour le ramener à la vie en violant toutes les lois de la nature et du bon sens. Mais pas ici.
Quand un personnage est mort, il est mort pour de bon. Il n’y a pas de retour à la vie. Ce qui rend le sens du danger très fort car les personnages n’ont qu’une seule vie.
Les objectifs sont rapidement résolus
Enfin, au moins pour les trois premiers arcs. En tant que nouveau lecteur/spectateur, quand on apprend que le but de Gon est de devenir hunter, on pourrait penser que c’est là tout l’intérêt de la série. Mais non. Cela a été fait assez rapidement. D’habitude, quand le but du protagoniste principal est de devenir quelqu’un, cela prend toute la série.
Le prochain objectif serait de sauver Killua. Encore une fois, on pourrait penser que cela prendrait beaucoup de temps et que Gon devrait affronter les Zoldyacks tout seul pour y arriver. Mais encore une fois, le dilemme a été court et il n’y a pas eu de perte de vie majeure (sauf pour les chemises rouges qui sont devenues le snack de Mike).
Le prochain objectif est de retrouver Hisoka et de lui rendre la monnaie de sa pièce. Ils l’ont trouvé assez rapidement et n’ont pas perdu de temps ou d’effort en s’entraînant, ce qui leur a permis d’atteindre leur objectif rapidement.
Je trouve intéressant que lorsqu’un nouvel objectif est déterminé, il est généralement réglé dans le même arc sans le faire traîner ou en faire l’objectif principal qui détermine toute l’histoire.
En bref, je pense que ce qui a rendu Hunter x Hunter spécial, c’est qu’il ne suit pas l’archétype du shonen typique et qu’il se prend plutôt au sérieux pour la plupart et qu’il ne fait pas dans la longueur juste pour que le protagoniste ait l’air beaucoup plus cool devant les yeux des fans.
Hunter x Hunter est juste beaucoup plus mature que la plupart des autres shonen
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Quand je l’ai lu pour la première fois, j’avais 14 ou 15 ans et je me sentais un peu repoussé par ce qui se passait.
J’étais habitué à Naruto et One Piece, et quand ces enfants se sont présentés à l’examen de chasseur, on aurait dit que c’était tout à fait normal que des gens meurent en chemin et que personne ne s’en soucie vraiment (enfin, personne ne s’en soucie en fait) et que des monstres comme Hisoka et les araignées plus tard tuaient des gens sans que personne ne les fasse cesser.
C’est difficile à accepter pour un enfant qui croit en la bonté et tout ça.
Dans d’autres shonen, les araignées par exemple seraient soit dépeintes comme des méchants adorables, soit vaincues dans leur arc respectif, mais dans HxH, ce sont juste des criminels dont les raisons du crime peuvent être acceptées ou non.
Dans HXH, le noir et le blanc s’estompent plus que dans d’autres œuvres
A titre d’exemple, il y a d’autres œuvres avec de superbes combats et une stratégie sympa, des dialogues complexes et tout ça, mais il n’y a pas d’œuvre qui conclurait un arc très long avec une bombe atomique et sans vaincre la morale du méchant principal.
Avec le recul, on peut dire que Meruem avait, du moins à la fin, raison sur le monde et le regardait objectivement, mais elle a été vaincue par les humains simplement parce qu’ils n’accepteraient jamais une puissance qui les gouverne.
Il n’est pas possible de trouver cela dans d’autres shonen et cela n’est pas si bien représenté dans la plupart des seinens. En fait, je vois hunter x hunter comme une œuvre beaucoup plus mature que la plupart des mangas seinen, c’est ce qui le différencie de la plupart des shonen.
L’histoire se déroule dans un monde cruel qui ressemble au nôtre
C’est ce qui rend toutes les choses qui se passent beaucoup plus importantes. Dans HxH, vous savez que les gens peuvent mourir, vous savez que les bonnes actions et sauver les gens n’est pas facile et peut vous être mortel, et vous savez que chaque erreur compte.
Dans d’autres œuvres, on a l’impression qu’il suffit de « vouloir essayer » pour que rien ne vous arrive et que tout aille bien.
HxH est honnête, au moins.
A LIRE ⇒ Ma critique d’Hunter X Hunter en détails
Le mangaka Togashi est différent
Il a une voix distinctive qu’il est difficile d’imiter :
- changer de style narratif et visuel sans effort (quelque chose que les adaptations en animation ne peuvent jamais traduire)
- des résolutions post-modernes à la manière des trolls
- donner un background coloré aux personnages d’arrière-plan et faire ressortir leur personnalité avec un temps de page limité de manière efficace
- …tout en maintenant l’attrait de base de ce qu’est un shounen traditionnel.
Il y a aussi un côté cruel, troublant et presque méchant dans ses œuvres qui n’est pas pour les cœurs légers. J’ai été assez troublé lorsque j’ai lu YYH pour la première fois alors que j’étais un jeune spectateur. Quand la plupart des autres auteurs de shounen tentaient d’écrire des choses sombres, ils donnaient l’impression d’être en-dehros de leur oeuvre, alors que les œuvres de Togashi me semblaient… crédibles. De l’insignifiant à l’énigmatique… ses méchants sont très diversifiés et bien écrits. Même quelqu’un comme Tonpa.
Les combats ne sont jamais trop longs (sans flashback entre les deux) et ont rarement recours au deus ex machina.
J’apprécie également l’absence d’héroïne dans l’ensemble. Je trouve rafraîchissant qu’il n’y ait pas d’héroïne dont le rôle est d’être la motivation du héros. Les shounen plus contemporains essayent d’inclure un ou deux personnages principaux féminins symboliques dans un groupe de garçons, mais c’est géré trop grossièrement, en s’assurant de ne pas éclipser les garçons ou dont le vrai rôle est de servir de soulagement comique/de vendre du rapport sexuel. J’aime que HxH n’ait pas peur de son monde « d’aventures de garçons ».
En tant que héros inhabituel, Gon se montre équilibré et réel, contrairement à d’autres héros qui ne sont que des personnes ordinaires ou qui ressemblent plus à un slogan répété qu’à un personnage à part entière.
Contrairement à certains shounen où les personnages principaux et leur monde sont tous des lycéens stylés, de même ordre d’idées et de même taille, HxH a su rester diversifié. Il y a des enfants, des adolescents, des jeunes adultes, des adultes plus âgés, des vieux schnocks… Le monde de HxH semble plus grand et plus intéressant.
