Le génie Philip K. Dick
Philip K. Dick est un de ces rares auteurs qui m’ont changé. La première fois que j’ai lu un véritable livre de science-fiction, c’était Ubik de Philip K. Dick, et ce superbe roman a fait l’effet d’une révélation. Cela arrive rarement dans une vie, ce genre de moment où vous vous dîtes : « Ah oui, en effet, j’étais passé à côté de quelque chose et à partir d’aujourd’hui je ne penserai plus comme avant ».
Quand vous tenez ce genre de moment, savourez-le !
Tout ça pour dire que Philip K. Dick reste toujours d’actualité dans mon cœur mais aussi dans l’actualité contemporaine (pour preuve le nombre effarant de réalisateurs qui veulent créer des films à partir de ses romans). Les questions qu’il se posait n’ont pas pris une ride. L’une d’entre elles est à l’origine de cet article, et notamment cette phrase issue de son essai « Humain contre Androïde » ( 😀 ) :
Citation de Philip K. Dick
Il se peut que tous les systèmes -c’est-à-dire toute formulation théorique, verbale, symbolique, sémantique, etc. qui tente de se poser en hypothèse totalisante pouvant expliquer l’univers en son entier- soient des manifestations de paranoïa.
Excellente phrase, excellente formulation, du Dick tout craché et en même temps, une citation qui exprime bien ce qu’il s’est évertué à formuler toute sa vie durant.
Qu’est-ce qu’il veut signifier par là ?
Que nos conceptions, scientifiques ou mentales, de la réalité qui nous entoure ne sont que des théories aveuglées par les limites inhérentes au cerveau humain.
On l’oublie trop souvent : certes nous sommes intelligents, mais vu qu’aucune autre créature ne peut se confronter à nous, nous ne pouvons jamais être certain que ce que nous croyons être vrai n’est pas un leurre.
Beaucoup de questions restent encore non résolues pour nous :
- Pourquoi vivons-nous ?
- La question de la mort, de l’âme, de la religion.
- Comment fonctionne réellement la vie ? Les cellules ?
- Les planètes autour de nous ne sont-elles pas elles-mêmes les cellules d’un corps encore plus grand ?
- Tout ce qui nous entoure, après tout : nous voyons cet univers d’une certains façon, mais uniquement à travers nos yeux humains. Qui sait si les fourmis ne conçoivent pas la réalité environnante autrement ? Qui sait si d’autres êtres vivants, quelque part, n’ont pas une vision plus proche de la réalité que nous-mêmes ?
Des manifestations de paranoïa
Bien trouvée, cette formulation : Toute théorie humaine ne pourrait être qu’une manifestation de la paranoïa de l’homme qui la conçoit.
Paranoïa : ce mot exprime bien le caractère autarcique de nos pensées. Elles tournent en rond dans notre cerveau humain parce que nous ne sommes pas capables d’en avoir d’autres.
Notre esprit est limité, acceptons-le même si c’est extrêmement difficile de se convaincre que nous sommes des idiots. Ce n’est pas que nous-mêmes nous sommes des idiots : c’est plutôt que l’espèce humaine grandit petit à petit, sur des milliers d’années, et que nous ne pouvons pas être à l’étape finale de notre évolution. Consécutivement, nous ne savons pas tout. Nous ne comprenons pas tout. Notre vision des choses n’est pas forcément la bonne. C’est exactement ce que martèle Dick.
Être paranoïaque, c’est croire que nous connaissons la vérité sans accepter que nous pouvons nous tromper.
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Le cas de la fourmi
Après tout, pour une fourmi, Dieu c’est peut-être nous : l’être humain. Nous sommes un dieu pour elle : d’un coup de pied nous pouvons détruire son habitat, la détruire elle-même, nous sommes un géant et un tout-puissant. A-t-elle raison pour autant ? Non bien sûr : nous ne sommes pas Dieu. Elle, elle le croit peut-être. Tout simplement parce que son champ de vision est limité.
Notre champ de vision, à nous aussi, est limité.
Nous serions, chacun d’entre nous, des paranoïaques croyant tout savoir alors que nous nous complaisons dans l’ignorance la plus aveugle. Bien malgré nous, je le conçois.
Cela explique, en ce qui me concerne, pourquoi je n’arrête jamais de lire des livres, de me documenter, d’explorer telle ou telle facette de l’être humain. J’aimerais tant savoir plein de choses, j’aimerais tant avoir une connaissance hors-pair sur l’astronomie, sur la littérature, sur la biologie, sur chacune des sciences, mais pour cela il me faudrait des milliers de vie et encore : je ne saurais que ce que l’être humain est capable de savoir.
Il n’a pas tout découvert, et peut-être, comme l’affirme Dick, ne connaîtra-t-il jamais la véritable réalité.
Lisez Philip K. Dick. Cela devrait être obligatoire à l’école.
Trois articles – sources
- Cette présentation très rapide mais en même temps résumante des idées de Philip K. Dick
- Présentation de l’essai « Si ce monde vous déplaît… » rassemblant quatre discours prophétiques de l’auteur.
- Que lisait Philip K. Dick ? (ses lectures philosophiques) (article de Des Geeks et des lettres)