Ma mère a volé mon identité

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Écrit par Virginie Dumoulin

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Pour beaucoup, il est inadmissible que quelqu’un puisse voler l’identité d’un membre de la famille. On me demande souvent : « Quel genre de personne pourrait faire une telle chose ? » , mais il n’y a pas de réponse facile à cette question.

Comment je suis devenue victime d’un vol d’identité familial

Ma mère m’a volé mon identité en 1993, alors que j’étais à l’école primaire, et cela n’a été découvert que lorsque j’ai essayé de faire installer l’électricité dans mon premier appartement.

À ce moment-là, je ne savais pas que ma mère était l’auteur du vol. On m’avait dit que son identité avait été volée, ainsi que celle de mon père, et qu’un parent ou un ami de la famille était probablement à l’origine du vol.

Lorsque j’ai obtenu mon rapport de dettes, j’ai appris que diverses cartes de crédit avaient été établies à mon nom, à partir du moment où leur identité avait été volée. En réalité, l’identité de ma mère n’avait pas été volée ; elle avait ruiné son crédit et s’était ensuite attaquée au mien. Je ne l’ai découvert que plus tard.

Qu’est-ce que le vol d’identité familiale ?

Le vol d’identité familiale est le terme technique pour désigner une personne qui utilise les informations d’identification personnelle d’un membre de la famille (à son insu ou sans son consentement) pour obtenir quelque chose de valeur, comme de l’argent ou un crédit.

Ce type de vol d’identité n’est pas rare ; on estime que 30 % de tous les incidents de vol d’identité sont familiaux.

  • Les parents,
  • les conjoints
  • et les enfants adultes sont des délinquants courants.

L’instabilité financière peut motiver un parent à voler l’identité de son enfant (ou à ouvrir une carte de crédit à son nom). Il en va de même pour les enfants adultes qui volent l’identité de leur parent âgé.

La séparation légale peut être un catalyseur pour qu’un conjoint se livre au vol d’identité du partenaire.

Comment mon affaire a-t-elle pu durer si longtemps ?

Il s’est écoulé 20 ans entre le moment où le vol d’identité a commencé en 1993 et le moment où l’on a découvert que ma mère était l’auteur du délit. Cela a été exposé par hasard 13 jours après son décès en 2013.

Mon père a trouvé un relevé à mon nom pour une carte de crédit dépassant la limite. Ce document a conduit à la découverte d’autres documents planqués dans une dépendance de leur propriété, qui ont démontré qu’elle était la voleuse depuis le début, volant l’identité de mon père, mon identité et celle de mon grand-père.

Beaucoup m’ont demandé, « Comment n’as-tu pas vu que c’était ta mère qui était derrière tout ça ? » .

La réponse courte est « Elle était une magistrale manipulatrice. »

‍Une des façons dont elle nous manipulait était de dire que la personne responsable de l’usurpation d’identité était quelqu’un de proche de nous, et que c’est pour cela qu’elle pouvait si bien réussir l’usurpation d’identité. Par mesure d’autoprotection, nous nous sommes retirés des relations avec les membres de la famille élargie et les amis.

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En réalité, ce n’était pas de l’autoprotection, mais de l’isolement. L’isolement/autoprotection a été amplifié lorsque notre ligne fixe a été coupée, ce qui, selon ma mère, était dû aux actions du voleur.

Ma mère avait une licence en finance et a travaillé dans le secteur des services financiers pendant la majeure partie de sa carrière. Elle était donc l’experte financière de la famille et avait autorité sur :

  • les impôts,
  • les investissements
  • et la planification des assurances de la famille.

Ses connaissances et son expérience professionnelle lui ont valu une position de confiance dans les questions financières au sein de la famille proche, même si elle refusait de partager des documents avec nous. Chaque fois que nous demandions à voir un document financier, elle nous répondait : « Vous ne me faites pas confiance ! » .

À cause des actions de ma mère, les relations qui auraient dû exister avec la famille élargie et les amis ont été inexistantes pendant 20 ans. Beaucoup de ces relations ont été reconstruites au cours des neuf dernières années, mais mon père n’aura pas la sécurité financière qu’il attendait à la retraite.

Notre compréhension du vol d’identité familial est limitée

Dans les années 1990, la plupart des gens n’avaient pas encore entendu parler du vol d’identité, et encore moins du vol d’identité familial. Malheureusement, notre compréhension du vol d’identité familial n’a pas beaucoup évolué depuis, pour diverses raisons.

  1. Tout d’abord, les victimes signalent rarement l’infraction aux forces de l’ordre parce qu’elles pensent que cela ne servira à rien.
  2. Deuxièmement, les victimes sont souvent réticentes à participer à des études de recherche parce qu’elles craignent de déclencher ou d’exacerber un conflit familial et/ou de subir des représailles de la part du membre de la famille fautif.
  3. Troisièmement, en France le vol au sein de sa famille n’est pas reconnu pénalement, mais on peut quand même saisir le Tribunal civil.

⇒ Ces préoccupations sont valables, car l’usurpation d’identité familiale peut coexister avec d’autres formes d’abus.

  • Les victimes sont souvent dépendantes financièrement et/ou dépendantes des soins du délinquant, surtout si la victime est un enfant ou un adulte âgé.
  • Par ailleurs, les délinquants s’identifient rarement eux-mêmes, ce qui rend extrêmement difficile la collecte de données complètes.

Que faire après avoir été escroqué par un membre de sa famille ?

En tant que personne ayant une formation universitaire et une expérience personnelle du vol d’identité familial, je pense que normaliser la conversation aidera les victimes à se sentir moins seules et nous permettra de mieux comprendre les expériences des victimes et les motivations des délinquants.

Si nous parvenons à mieux comprendre le vol d’identité familial en nous appuyant sur la recherche, nous serons mieux équipés pour définir des stratégies utiles pour protéger les victimes.

Jusqu’à ce que cette compréhension fondée sur la recherche soit atteinte, prenez des mesures pour minimiser votre risque d’être victime de vol d’identité familial.

  • Consultez et examinez vos états financiers,
  • tels que votre dossier de crédit,
  • vos relevés de comptes de placement,
  • vos relevés de comptes de retraite
  • et vos déclarations de revenus.

Si vous êtes dans une relation sérieuse et que votre partenaire refuse de partager des documents financiers communs avec vous, soyez inquiet. Si l’on vous encourage à cesser de communiquer avec d’autres membres de la famille ou des amis, il pourrait s’agir d’une tentative du membre de votre famille de contrôler ce que vous partagez avec lui et ce qu’il partage avec vous.

Demandez l’aide d’une personne de confiance si vous craignez d’être isolé des autres.

Source :

Article 311-12 du Code Pénal relatif au vol (Ne peut donner lieu à des poursuites pénales le vol commis par une personne au préjudice de son ascendant ou de son descendant, ou au préjudice de son conjoint, sauf lorsque les époux sont séparés de corps ou autorisés à résider séparément)

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